Entretien avec Sylvie Ntsame, écrivaine, directrice d'une maison d'édition ALM : Quelles impressions avez-vous de votre participation au SIEL? Sylvie Ntsame : Je suis heureuse d'être au SIEL. C'est la troisième fois que j'y prends part. Ces participations me permettent de voir le dynamisme des éditeurs, dont ceux marocains, dans l'industrie du livre. Comment inciter les Marocains à découvrir la littérature subsaharienne? Je pense que vous devez chercher à connaître la composition de l'Afrique. Il y a l'Afrique blanche et celle noire. Nous vous connaissons mieux que vous nous connaissez. Donc, pour mieux nous connaître, il faudrait découvrir notre littérature en premier. Nous vous encourageons à nous découvrir en lisant nos livres. Quand vous connaîtrez la littérature de l'Afrique noire dont celle gabonaise, vous comprendrez nos modes de vie en Afrique, nos cultures et nos valeurs qui sont peut-être les vôtres. Envisagez-vous de saisir des opportunités de co-éditions lors du SIEL ? Contrairement au Maroc, les livres ne sont pas subventionnés au Gabon. Nos prix paraissent élevés. Pour espérer vendre un livre au salon, je fais des remises. Il serait peut-être utile de nouer des co-éditions lors de ce salon 2017 qui est encore meilleur parce que c'est la première fois qu'une représentation officielle gabonaise y vient avec des éditeurs. Ainsi, notre ministre de la culture saura ce qu'il faut faire pour mieux nous encourager. Pour l'heure, nous sommes en discussion avec des éditeurs marocains. Cet échange se poursuivra même après le salon. Comment se porte le secteur de l'édition au Gabon ? Elle est récente. Au Gabon, nous avons des difficultés parce que nous n'avons pas de politique culturelle. Encore moins une politique du livre. Nous nous battons parce que nous nous passionnons pour le livre. Nous nous battons aussi pour faire connaître la littérature gabonaise. L'Etat ne nous accorde aucun budget pour pouvoir éditer des livres moins chers. Nous sommes d'ailleurs heureux que nos efforts au Gabon soient reconnus. Et si nous sommes invités régulièrement au salon c'est pour les efforts que nous déployons pour faire connaître le livre et promouvoir notre culture. Nous procédons ainsi pour faire connaître notre propre identité également. Le fonds exposé dans votre stand ne semble pas aussi étoffé que les autres, pourquoi ? C'est parce que nous avons fait venir nos livres par avion. Le prix des livres au Gabon ne nous a pas permis d'amener plus. Quand on vient à ce salon, nous risquons de diviser le prix par trois. Pour vous dire, nous ne gagnons pas énormément en venant à ce salon. En tout cas, nous avons ramené quelques exemplaires. Et depuis que nous sommes arrivés, nous vendons des livres quand même. Est-ce que vous avez une idée de la littérature marocaine ? Oui. L'année dernière j'ai acheté un livre de Fatima Mernissi. Et je lis beaucoup de livres marocains sauf que je n'en retiens pas les titres. Pourquoi focalisez-vous sur des publications jeunesse ? Parce que nos jeunes doivent connaître leur culture. Tous les livres que nos jeunes ont lus sont venus d'ailleurs. Il faut qu'ils connaissent leur culture et cela passe par le livre jeunesse. Est-ce que les Gabonais aiment lire? Oui, les Gabonais s'intéressent à la lecture. D'ailleurs, nous faisons nos chiffres d'affaires au Gabon. Ce n'est pas le salon qui nous fait ce chiffre annuel. Qu'en est-il de l'impact de la technologie sur la lecture au Gabon ? Ce n'est pas parce que la technologie est avancée que le livre n'existe plus. En Europe le livre papier existe toujours. Pourquoi c'est en Afrique qu'il y aurait un impact négatif ?!