Environ 6000 fonctionnaires s'occupent de l'encadrement de plus de 57.000 pensionnaires dans les différents pénitenciers du Royaume. En plus, la question de surpeuplement entrave les actions de la formation et de l'orientation des prisonniers. Le réseau régional des droits humains de la région du Gharb a organisé samedi dernier, à Méhdia dans la province de Kénitra, en coordination avec le ministère des Droits de l'Homme, le premier forum national sur « le rôle de la société civile dans la réforme des prisons et la protection des droits des prisonniers ». Lors des travaux de ce forum, auquel ont pris part les représentants des ministères de la Justice, des Droits de l'Homme, le Centre des droits humains, l'Association marocaine des droits humains, l'Organisation marocaine des droits de l'Homme et la section d'Amnesty international au Maroc, les débats ont porté sur la réforme des pénitenciers, le problème de surpeuplement, le respect de la dignité des prisonniers et les garanties juridiques accordées par le ministère de tutelle. Intervenant à l'ouverture des travaux de cette manifestation, Hassan Hamina, représentant de l'administration pénitentiaire au ministère de la Justice, a souligné que le nombre des pensionnaires des établissements pénitentiaires a presque doublé au cours des dix dernières années, 1991-2001. Il est passé de 31.230 à 57.308, entraînant un surpeuplement dans les prisons. Dans ce cadre, M. Hamina a également évoqué la publication de la loi du 15 août 1999 portant organisation des prisons, faisant référence à l'identité arabe et musulmane et aux droits de l'Homme et respectant les accords et conventions internationaux ratifiés par le Maroc. Et d'indiquer que cette loi, qui est le fruit d'un consensus entre toutes les composantes de la société, établit un équilibre entre les contraintes sécuritaires et les impératifs de la politique de réforme, rappelant, dans ce sens, la création récente par le Souverain de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et des pensionnaires des centres de sauvegarde de l'enfance. Les mesures entreprises pour humaniser les conditions de détention ont nécessité la formation de fonctionnaires de l'administration pénitentiaire et la création d'un centre de formation des cadres de l'administration pénitentiaire qui a établi un plan quinquennal pour la période 2000-20004 prévoyant la construction de 34 établissements pénitentiaires. Si l'administration entreprend des actions pour former les prisonniers, les orienter et préparer leur insertion dans la société après leur libération, il n'en demeure pas moins que cela constitue une charge de plus en plus lourde et par conséquent difficile à assumer. De l'avis des observateurs et des spécialistes nationaux, l'Administration à elle seule ne pourrait réaliser des progrès dans les conditions de l'univers carcéral en général. Selon Mme Assia El Ouadie, responsable du Centre de réeducation et de réinsertion des jeunes délinquants à la prison d'Oukacha «L'intervention de la société civile est non seulement souhaitable, mais elle est d'une nécessité absolue, si on veut aller de l'avant dans ce domaine auquel S.M. le Roi accorde un intérêt particulier». Par ailleurs, le personnel pénitentiaire s'avère insuffisant. Six mille fonctionnaires s'occupent de l'encadrement de plus de 57.000 pensionnaires. Sur ce point M.Hamina précisé que l'administration pénitentiaire a pu obtenir des postes budgétaires particulièrement pour les contrôleurs pédagogiques. Mais la déficience plane toujours sur ce point. Par conséquent, la société civile qui commence à faire ses preuves sur d'autres chantiers est appelée à assumer son rôle du côté de l'univers carcéral.