* Pour cette année, 90 % des objectifs de la Vision 2010 seront atteints malgré le contexte de crise. * Néanmoins, un effort important doit être consenti pour intégrer le développement touristique dans un projet de développement global et intégré de la société. * Ali Ghannam, le président de la Fédération Nationale de lIndustrie Hôtelière et vice-président de la FNT, livre son point de vue. w Finances News Hebdo : Dans cette dernière ligne droite vers la concrétisation de la Vision 2010, quelle évaluation faites-vous de ses retombées ? w Ali Ghannam : Ce qui fait la fierté de tous les professionnels, cest que le contrat-programme constitue un modèle précurseur de vision sectorielle, scellant un partenariat public/privé gagnant sur tous les plans. Sur le plan macro-économique, il a fait du tourisme une véritable locomotive pour le développement de léconomie marocaine. Grâce à ce pacte, notre secteur a connu une dynamique sans précédent avec des retombées sur lensemble de léconomie : le secteur contribue aujourdhui pour près de 8% du PIB et emploie plus de 420.000 personnes en direct... Au-delà de la contribution du secteur dans le tissu productif, les objectifs de la Vision 2010, ambitieux à lépoque, ont été à des niveaux de réalisation très honorables : Au niveau des arrivées, nous sommes passés de 4,5 millions de touristes en 2001 à 8,35 millions en 2009 ; 9 millions darrivées sont prévues pour fin 2010, soit 90% des objectifs qui auront été atteints, Tout comme les recettes de voyages où plus de 53 milliards de DH auront été rapatriés à fin 2009, avec une augmentation moyenne annuelle de 15%. Les investissements conventionnés ont connu une croissance soutenue, particulièrement à partir de 2004, avec plus de 1,4 milliard de DH par an, les capacités litières auront doublé à fin 2009 pour atteindre plus de 180.000 lits. Par ailleurs, si la concertation «Public Privé» et lengagement ont été la clé de réussite de la Vision 2010, elle a également posé la question de laménagement du territoire avec le plan Azur. Mais, à côté, dautres plans se sont développés, le plan Madain pour le tourisme de villes et culturel et le plan Biladi pour la promotion du tourisme interne. De nouvelles initiatives et chantiers sont nés de la Vision 2010 sans quils aient été prévus au départ : tourisme rural, pays daccueil touristiques (PAT), tourisme de niche, le développement touristique de Marrakech, le développement de champions nationaux dans le secteur, mise en uvre de lopen sky et instruments financiers dédiés au secteur (Renovotel, Crédit Azur, Fonds dInvestissements, etc). Néanmoins, malgré ce bilan globalement positif, certains points restent à améliorer : Au niveau de la prise en compte du développement humain et social, un effort important doit être consenti pour intégrer le développement touristique dans un projet de développement global et intégré de la société. Sur le plan de lenvironnement touristique, on a pensé surtout à linvestissement et à loffre et moins à lanimation de ces stations et aux besoins de la demande. Lenvironnement du tourisme na pas été suffisamment assaini : accueil dans les aéroports, harcèlement, faux guides, arnaques, accidents de la circulation, sécurité, hygiène et santé, protection civile, transport urbain, propreté des villes, etc. Sur le plan de la promotion du tourisme marocain, pendant plusieurs années nous avions constaté une mauvaise optimisation de la communication. LONMT commence enfin à intégrer la dynamique régionale et internationale. Le Maroc est très peu présent sur le Web, en général et dans le commerce électronique, en particulier ; Sur le plan de la gouvernance, là aussi, pendant plusieurs années, il y avait un déficit de gouvernance et une faiblesse des organes de pilotage : lobservatoire du tourisme commence à peine à jouer son rôle de veille et dalerte. Sur le plan institutionnel, la faiblesse des capacités de gestion des associations du secteur (CRT, Fédérations, Associations professionnelles, ) ne leur permet pas de jouer pleinement leur rôle de catalyseur du secteur. Enfin, sur le plan de la formation, un retard certain a été constaté dans la formation et la valorisation des ressources humaines aussi bien du côté de lEtat que des opérateurs privés. Nous espérons que le contrat-programme RH Hôtellerie & Restauration permettra de réduire ce gap. w F.N.H. : Quels sont les principaux enseignements à retenir de cette crise surgie en 2009 ? w A. Gh. : Notre satisfaction, par rapport à cette crise, durement ressentie par le secteur, est de voir la réactivité des professionnels et des autorités de tutelle pour en anticiper limpact. Les mesures, tant à très court terme, que celles ayant un objectif structurel, ont permis à notre pays de sen sortir avec le moins de dégâts possibles. Malgré cette crise, nous terminons lannée avec + 6% au niveau des arrivées, certes 5,7% au niveau des recettes, - 1,4% au niveau des nuitées Mais ces niveaux auraient certainement été plus importants si, ensemble, nous navions pas pris les mesures nécessaires : Cap 2009 et Budget de 300 MDH, en plus de la mobilisation des professionnels pour garder les niveaux de qualité exigés par le client, tout en faisant des efforts promotionnels du produit. Néanmoins, il est important de souligner quil est nécessaire dactiver le déblocage rapide des fonds engagés, car il sagit de période de crise, où la réactivité est très importante. Il faut aussi les soutenir par de nouvelles mesures rapides : CNSS, formation w F.N.H. : Exigence, qualité, refonte des normes et du système de classement sont autant dattentes de létude engagée sur le diagnostic de lhébergement au Maroc. Est-ce que tous les professionnels y adhèrent et quelles sont les incitations pour inscrire tout le secteur dans cette démarche ? w A. Gh. : Je dois vous rappeler que les professionnels ont participé activement à lélaboration de cette étude. Le secteur a toujours été conscient des enjeux de la qualité. Le timing de cette étude, au regard de la conjoncture internationale, est également bien choisi Cette étude est venue proposer un nouveau dispositif de classement et une mise à niveau des standards à laquelle la FNIH ne pourra quadhérer tout en mettant en place des mesures daccompagnement. En effet, dans cette conjoncture extrêmement difficile, la FNIH se devait dagir. En plus des mesures que je vous ai citées précédemment, Renovotel 2010 vient sinscrire dans un dispositif daccompagnement technique et financier pour la rénovation et lamélioration de la qualité de lhébergement touristique. Il intervient dune part : Suite à la réussite (malgré quelques difficultés et contraintes) de Renovotel I, qui a permis la rénovation dunités hôtelières pour un budget de 200 MDH, entièrement remboursés par les bénéficiaires ; Pour consolider notre offre et la différencier en renforçant le positionnement des hôteliers marocains par rapport aux destinations concurrentes. Ce programme a été rendu plus attractif par rapport à lancien mécanisme à la demande des professionnels (baisse de la contribution en fonds propres et augmentation de la part du fonds). Lappel à projets ouvert pour une année seulement permettra daccélérer le processus de mise à niveau. Ce fonds permet le financement des investissements matériels et immatériels viables de mise à niveau et de repositionnement du produit ayant pour objectif la création de valeur ajoutée, lamélioration de la qualité des prestations et la prise en compte des problématiques environnementales, dans le cadre des capacités litières existantes. Pour rappel, la part du Renovotel est financée au taux de 2%. La durée, elle, peut aller jusquà 12 ans avec 2 ans de différé. Le coût maximum par chambre a également été revu à la hausse. Lensemble de ces caractéristiques est disponible au sein de la FNIH et notre Fédération a mis à la disposition de ses adhérents une cellule daccompagnement pour les hôteliers souhaitant bénéficier de ce programme. Cela est dautant plus important que lensemble de cette enveloppe devra être utilisé durant lannée 2010 seulement. w F.N.H. : Depuis la mise en place des mesures durgence pour faire face à la crise, avez-vous une idée du nombre des bénéficiaires ? w A. Gh. : Pour CAP 2009, un budget global de 76 MDH a été débloqué dont 35% débloqués par les professionnels. 80% des actions prévues ont été déjà réalisés. En plus, un budget spécifique a été consacré par le Comité de veille stratégique pour une enveloppe globale de 300 MDH, dont près de 170 millions ont été engagés. Ces mesures visent la consolidation de laérien, la promotion institutionnelle, le tourisme interne, la mise en place de nouveaux produits et la stimulation de nouveaux packages. La totalité de ces fonds doit être engagée avant fin juin et permettre à notre destination de rester constamment dans lesprit du client. w F.N.H. : À la base des enseignements tirés tout au long de cette décennie, quels sont daprès-vous les différents scénarios de ce que sera la Vision 2020 ? w A. Gh. : La feuille de route a été tracée lors du discours de SM le Roi aussi bien à Fès en avril 2007, quà Saïdia, en juin 2009. La vision 2020 devra être qualitative, sinscrire dans un tourisme durable et responsable, faire émerger de nouveaux pôles touristiques hissés au rang des destinations touristiques mondiales. Elle doit être conçue en pleine concertation, dans la rigueur et le réalisme, pour consolider les acquis importants réalisés dans le cadre de la mise en uvre de la Vision 2010, en tirer les enseignements nécessaires, après en avoir identifié les faiblesses et les insuffisances. La Vision 2020 doit sinscrire dans un projet de développement économique et social profitable à toutes les catégories de la population et à toutes les régions, mettre en valeur notre formidable capital humain et consacrer le rayonnement de notre pays dans son environnement régional et international.