Entretien avec Ihssane Benbel, présentatrice du JT à 2M ALM : Comment vous vous présenterez aux lecteurs ? Ihssane Benbel : Après des études au lycée Lyautey à Casablanca, j'ai fait du droit à Paris où j'ai fini par la suite à l'école de journalisme. Pour l'heure, je suis journaliste, présentatrice du JT. Je suis également responsable de la rubrique sociale à 2M. C'est une chose qui me passionne et me fait vivre. D'ailleurs, j'ai choisi ce métier pour pouvoir parler des sujets sociaux dans mon pays. Aussi, je suis une maman d'une petite fille âgée de quatre ans et demi. Parlez-nous donc de Ihssane, la maman... Je suis très attachée à ma fille. C'est ma locomotive, mon moteur et ma dynamique. C'est aussi l'énergie du matin et le courage de rentrer le soir après une très longue journée. En fait, j'ai une relation très fusionnelle avec ma fille. Mais en même temps, je sais faire la part des choses puisque je ne suis pas non plus une mère «couve». Nous avons une relation très complète parce qu'elle comprend très bien mon métier et ses aléas, notamment quand je sors tôt le matin de la maison ou rentre tard le soir ou encore lorsque je pars en voyage de presse. Mais j'essaie au maximum de lui faire vivre ma passion pour le journalisme. C'est pour cela que je l'emmène souvent avec moi au travail. Ainsi, elle connaît l'environnement et elle regarde le JT. Comment conciliez-vous vie privée et professionnelle ? Pour moi, ce sont deux choses complètement différentes. Quand je sors de 2M, je redeviens une maman. J'oublie complètement quel métier j'exerce et les contraintes de celui-ci. Je suis formatée. Je reprends la casquette de la mère parce que ma fille n'a pas à subir ce stress. C'est pour cela que je lui accorde le même temps que celui que j'ai consacré à mon métier même si parfois on n'a pas de week-end, ni jours de fêtes. Il est vrai que ça fait un peu mal parfois, mais ce n'est pas une injustice parce qu'on travaille sur la base d'un planning. Quand même, j'ai la chance de commencer la journée à 13h alors je passe toute la matinée avec ma fille. Comment gérez-vous le stress du métier ? Déjà, je suis une personne très sportive. Dans une autre vie, je n'aurais pas fait ce métier, d'ailleurs j'étais prédestinée à continuer dans le sport. Pendant des années J'ai été championne d'équitation du Maroc. En saut d'obstacles, j'ai eu la médaille d'or et d'argent pendant plusieurs années jusqu'à l'année 2000. Les circonstances ont fait que ma jument soit décédée. Après quoi, j'ai opté pour le journalisme. Mais depuis, j'ai toujours gardé une hygiène de vie. Je suis une personne qui se réveille très tôt le matin et qui va courir. Je fais aussi un travail sur moi-même. Je suis mon propre coach. Déjà le direct est très pesant. C'est pour cela que je prends le temps qu'il faut pour chaque chose. Et la meilleure manière pour gérer le stress, c'est l'organisation et l'anticipation. Vous avez participé au Rallye Aicha des Gazelles. Est-ce pour combler votre passion pour l'équitation ? J'ai fait le rallye avec une collègue et amie qui s'appelle Nadia Hammouchi. C'est elle qui a pris cette initiative et m'a inscrite à la compétition. Au-delà de la couverture faite par la chaîne à l'événement, en aucun moment je n'aurai pensé que le rallye était une épreuve aussi difficile. C'est une épreuve de vie à part entière qui permet de tester ses capacités. Pour ma part, le rallye a carrément changé ma vie. En revenant j'ai appris à prendre des décisions de manière ferme et définitive parce que dans le rallye on n'a pas droit à l'erreur. Et dans le métier, cela permet d'avoir la notion du temps. Aussi une telle épreuve ramène à la réalité puisqu'elle permet de renouer avec les éléments de la vie. Dans l'ensemble, ça m'a ressourcée. Quel regard portez-vous sur la télévision face à la propagation des médias électroniques, notamment les web TV, les réseaux sociaux... ? Quand j'arrive au bureau, je fais une revue de presse et je passe aussi par la presse électronique et les réseaux sociaux. Mais ce qui m'attriste dans la presse électronique, c'est l'effet de buzz. Très souvent, une information est balancée dans l'immédiat sans même en vérifier la véracité et la source. Et ça marche au nombre de clics et de vues. Hélas, certains médias existants relayent des informations sans se soucier de l'impact sur les gens et leurs familles. Mais quel serait le rôle de la télévision dans ce cas ? Pour moi, en tant que chef de la rubrique sociale, je suis amenée à couvrir et traiter les faits qui en relèvent. Donc, soit je démens l'information, soit je l'approfondis. Ainsi, la télévision serait le filtre. Est-ce que le charme serait un facteur de succès d'une présentatrice de JT ? Absolument pas ! De par mon expérience, les critères physiques n'ont jamais été pris en considération. Même mes collègues n'ont pas été propulsés parce qu'ils sont beaux ou le sont moins. Ce sont des gens qui ont fait leurs preuves et ont travaillé pendant des années et qui se sont un jour retrouvés à l'antenne. Pour moi, je préfère que le public m'apprécie plutôt qu'on me trouve charmante. Par contre, il est très important d'être soignée et respectueuse. L'image et l'aspect vestimentaire comptent beaucoup pour moi. Je préfère être professionnelle que belle ! Comment surmontez-vous la concurrence d'un ou d'une collègue ? Par la sagesse. Quand je vois quelqu'un bien faire, cela me donne envie de faire encore mieux. C'est une émulation. Je trouve que c'est mieux de travailler dans un esprit d'équipe parce que nous travaillons tous, en fin de compte, pour le même produit. C'est un journal, la vitrine d'une chaîne. Nous sommes des présentateurs en relais en fin de compte. Vous semblez attachée à votre amazighité malgré l'environnement francophone où vous évoluez. Comment exprimez-vous cela? Dès que je peux glisser un mot lors d'une occasion comme le nouvel an amazigh, je le fais même quand je présente le journal francophone. D'autant plus que je traduis le mot amazigh que j'ai utilisé. Ceci dit, je suis très attachée à mes racines amazighes des côtés maternel et paternel. D'autant plus que je pars chaque année me ressourcer à Had Ait Mzal (Chtouka Ait Baha) dont je suis issue. Aussi, j'ai donné un prénom amazigh à ma fille que j'appelle «Illi» qui veut dire ma fille en berbère. Et je continuerai à donner à mes enfants des prénoms amazighs. Un dernier mot peut-être ?... Je remercie une femme qui a beaucoup compté dans ma vie de journaliste. Il s'agit de Fatiha Hbabaz à qui je dois une fière chandelle parce qu'elle est derrière mon encadrement. Elle a beaucoup cru en moi et était un modèle pour moi. C'est l'une des femmes qui m'a donné envie de faire de la télévision. Je ne l'oublierai jamais ! Dans l'ensemble, il y a des femmes de caractère qui nous inspirent comme c'est le cas de ma directrice de l'information, Samira Sitaïl.