Très maigre et de petite taille, la fillette âgée de six ans était obligée de monter sur une chaise pour arriver en haut du perchoir installé à la salle d'audience et s'approcher du président de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. «Oui, c'est lui... c'est lui», balbutie-t-elle tout en tournant ses regards vers sa mère qui se tenait à ses côtés et qui l'encourageait à répondre à la Cour. En revanche, elle n'arrivait pas à fixer du regard le mis en cause. «Il m'a dénudée», a-t-elle ajouté à la Cour. Lui, c'est un père de famille, âgé de quarante-et-un ans. Employé de son état, il se disculpait d'avoir abusé sexuellement de la fillette. Sa femme qui se tenait aux sièges réservés à l'assistance croyait à ses paroles et à son innocence. Au contraire, la fillette expliquait au président de la Cour comment elle a été détournée par le mis en cause qui n'a pas hésité à la violer à deux reprises. En fait, selon les déclarations consignées dans le procès-verbal, le mis en cause a détourné la fille de ses voisins et l'amie de sa propre fille. Sans vergogne, elle l'a fait entrer chez lui quand elle est venue appeler son amie. En l'absence de sa femme et de ses deux enfants, il l'a accueillie chez lui pour la conduire dans la chambre à coucher arguant qu'il avait l'intention de lui donner un petit cadeau. Dans la chambre, il a commencé à lui faire des attouchements, puis il lui a enlevé ses habits pour abuser d'elle. Avant de la relâcher, il lui a remis une pièce de dix dirhams tout en lui demandant de ne rien dire à personne. Et de recommencer pour la seconde fois. Seulement, quand la fille s'apprêtait à sortir de chez lui, elle a croisé sa mère qui lui a demandé ce qu'elle faisait chez le mis en cause. Elle savait que sa voisine, l'épouse du mis en cause, était en voyage chez sa mère à Kenitra en compagnie de ses deux enfants. Perturbée, la fille a rapidement craché le morceau. Une plainte a été déposée et le mis en cause a été arrêté. Certes, il a avoué, devant les enquêteurs de la police judiciaire, qu'il a abusé de la victime, mais il l'a nié devant la Cour qui ne l'a pas cru et l'a jugé coupable pour détournement d'une mineure de moins de quinze ans et attentat à la pudeur. Verdict : 6 ans de réclusion criminelle.