La Bourse de Casablanca vient d'adopter une nouvelle méthodologie de calcul de ses différents indices, basée sur le principe du flottant. Amine Benabdesslem, membre du directoire de la SBVC, revient sur les raisons d'un tel réaménagement. Entretien. ALM : Depuis le 1er décembre 2004, la Bourse de Casablanca a adopté une nouvelle méthodologie de calcul de ses différents indices. Pouvez-vous nous définir les raisons d'un tel réaménagement ? Amine Benabdesslem : Rappelons tout d'abord qu'un indice est un indicateur permettant de mesurer l'évolution des cours des valeurs cotées en Bourse. Ainsi, la Bourse de Casablanca a conçu deux indices, le MASI et le MADEX, qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 2002, et qui ont succédé à l'ancien indice, l'IGB. Le MASI et le MADEX étaient calculés initialement sur la capitalisation globale. Or pour beaucoup de valeurs cotées, la majeure partie du capital est détenue par des actionnaires stables, peu susceptibles de mettre leurs actions sur le marché, d'où une faible liquidité, et donc des variations importantes du cours à la hausse ou à la baisse dès qu'une transaction, même de faible montant, ait lieu. Aussi, pour limiter cette volatilité, et donc protéger le capital des épargnants, une nouvelle méthode de calcul, basée sur le flottant, nous paraissait plus appropriée. Quel est le principe du flottant ? Le flottant représente la part du capital susceptible de faire l'objet d'échanges sur le marché. Schématiquement, c'est la partie détenue par le grand public. De ce fait, le calcul de l'indice tiendra compte pour chaque valeur cotée du flottant uniquement, et non plus du capital total comme auparavant. Certains analystes estiment que la notion de flottant reste arbitraire. Le seuil retenu de 5% n'est pas nécessairement vérifiable à tout moment. Qu'en pensez-vous ? Précisons d'abord que le seuil dont il est question concerne les participations stables d'au moins 5 % depuis 3 ans . Il est tout à fait vérifiable dans la mesure où tout changement est communiqué à la Bourse par le management de la société cotée, et dans ce cas, la Bourse de Casablanca procède dans les 5 jours ouvrables qui suivent à une révision du flottant concerné, après publication au Bulletin de la Cote . Est-il vrai que ces réaménagements ont été dictés par le poids imposant de Maroc Telecom ? Cette révision du mode de calcul fait partie d'une vision globale, basée sur un plan stratégique triennal, baptisé "Future 2006", qui repose sur 3 axes : augmentation des sociétés cotées, développement de la liquidité et création de marchés à terme. Sa philosophie est de mettre la Bourse de Casablanca au niveau des meilleures Bourses mondiales en matière de pratique, et cela passe notamment par des indices fiables, précis, pertinents. Or, l'ancienne méthode ne paraissait plus pertinente, comme je l'ai indiqué auparavant. À titre d'information, le CAC 40 est calculé de cette manière depuis le 1er décembre 2003, tandis que le NYSE Composite (New York) ou le Dow Jones Euro Stoxx 50, grands indices mondialement connus, sont également calculés sur la base du flottant. Bien entendu, par voie de conséquence, cela minorera l'impact du poids de Maroc Telecom, ou de toute autre grande société qui dépasserait 20 % de la capitalisation globale, sur les indices.