Jeudi, à l'issue des élections locales, le FLN a conforté sa domination politique au niveau national tandis que le mouvement kabyle a contesté la validité du scrutin dans la région, le non-vote ayant entraîné l'absence d'élus dans 48 circonscriptions. Samedi, les responsables Aârouchs n'avaient pas dit leur dernier mot. Après une campagne de boycott qui s'est radicalisée dans la région kabyle, ils ont cette fois-ci mis en garde les autorités contre l'installation de maires «élus» avec un taux de participation inférieur à 5%. Selon Le Matin de dimanche, les deux principales wilayas de Kabylie-Béjaïa et Tizi-Ouzou - comptent au total 119 communes, 52 pour la première et 67 pour la seconde. Sur ces communes, 48 n'ont enregistré aucun vote. Une quarantaine d'autres n'ont pas dépassé les 5% de suffrages. Celles qui restent ont enregistré un taux de participation inférieur à 10%. Et le journal de faire les comptes : «40% du total des communes n'ont pas de maires, 37% des maires élus à moins de 5 voix et plus de 60% d'élus à moins de 10 voix». Un désaveu annoncé qui a par la même occasion entraîné l'échec cuisant du Front des forces socialistes (FFS) d'Hocine Aït Ahmed, boudé par les Kabyles même dans ses fiefs traditionnels. Dans ses commentaires, la presse algérienne concluait d'ailleurs que, jeudi dernier, la population avait choisi «entre la plate-forme d'El-Kseur (où sont regroupées les revendications kabyles) et le Pouvoir». Un choix opéré sur fonds d'émeutes -310 policiers ont officiellement été blessés- et qui a posé la question de la validation du scrutin pour ces circonscriptions. Dans une déclaration rendue publique samedi, la CADC de Tizi-Ouzou a d'ores et déjà affirmé qu'elle s'opposerait «à toute velléité d'intronisation des jacquemarts du régime contre la volonté populaire». «Le mouvement citoyen, fort de ses assises populaires, ne laissera pas un pouvoir illégitime apposer sur le fronton des communes de la Kabylie le sceau de l'illégitimité et de la honte». Lors de la proclamation des résultats officiels la veille, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, avait pourtant affirmé que, quel que soit le nombre de votants, les nouveaux maires seraient installés dans toutes les communes où il y a eu «au moins un bulletin dans l'urne», la loi algérienne ne requérant pas, a-t-il précisé, un seuil minimum pour la validation des résultats. Le ministre a aussi annoncé l'envoi d'une commission d'experts juridiques dans la région, des routes ayant été bloquées et des citoyens empêchés d'aller voter le jour du scrutin. Reste la question des communes sans maires. Ce dilemme posé par les Kabyles au régime d'Abdelaziz Bouteflika n'a toutefois pas empêché le Front de libération nationale du Premier ministre Ali Benflis d'asseoir son pouvoir sur le pays. Déjà majoritaire au sein de l'Assemblée populaire nationale depuis les législatives du 30 mai, l'ex-parti unique est devenu l'unique parti à sortir grandi de ce scrutin périlleux marqué par des violences et un faible taux de participation de 50,11%. Un chiffre qui -comme les résultats des urnes- n'intègre pas les deux wilayas kabyles et qui a été qualifié de «positif» par M. Zerhouni. Le FLN s'est imposé dans 668 communes (APC) sur 1.541 et s'est donné une majorité dans 43 wilayas (APW) sur les 48 que compte le pays. Le Matin commentait ce dimanche que le FLN «relooké au costume de Ali Benflis» et «ressuscité, en négation avec les réalités et nouvelles aspirations des Algériens» était désormais «intronisé». Une victoire qui «ne reflète pas le poids réel du FLN, même rajeuni, dans la société» mais qui correspond plutôt à «la volonté du pouvoir de Bouteflika, qui n'a pas caché ses intentions (…) de tordre le cou au pluralisme». Vainqueur des précédentes élections en octobre 1997, le Rassemblement démocratique national (RND) du ministre de la Justice Ahmed Ouyahia, a pour sa part poursuivi son recul en ne remportant que 2.827 sièges aux APC et 336 sièges aux APW mais n'en contrôlera aucune. Le FFS, le grand perdant, dirigera tout de même 65 APC, presque toutes kabyles, et présidera les deux APW de Tizi-Ouzou et Bejaïa. Les formations islamistes ont quant à elles accusé un sévère recul à l'exception du mouvement El Islah d'Abdellah Djaballah (1.237 sièges dans les APC et 374 aux APW).