Une clinique est choisie pour réaliser 45 000 examens. A ce moment, des voix s'élèvent, mais quand la machine déraille, plus personne ne réagit. Question de déontologie… L'association des cliniques privées, en tant qu'assemblée qui regroupe l'ensemble des opérateurs du secteur, a son mot à dire dans l'affaire de recrutement des 30.000 emplois fictifs proposés par la société émiratie Al Najat Marine Shipping. Puisqu'un de ses membres, la clinique Dar Salam en l'occurrence, y est partie prenante. L'intervention de l'association des cliniques privées s'impose d'autant que l'opération a pris une tournure des plus scandaleuses : plus de 45.000 candidats, si ce n'est plus (ce chiffre est celui annoncé par la clinique Dar Salam) ont été lésés dans une opération de recrutement qui de surcroît fut avalisée par l'ANAPEC et le ministre de l'Emploi, Abbas El Fassi. Par ailleurs, selon les déclarations, du coordinateur de l'opération entre les différentes sociétés d'intermédiation, Réda Ramy, patron d'Initiative Group, le représentant d'Al Najat avait contacté au départ certaines cliniques privées de Casablanca, lesquelles, doutant de la légalité de l'opération de recrutement avaient refusé d'exécuter les examens médicaux. Mais il semble que le corps médical du pays étende au-delà de ses limites la notion de secret professionnel. Puisque aucun des médecins contactés n'a voulu relater les conditions du marché proposé par Al Najat. Selon des sources dignes de foi, cette dernière aurait proposé à ces cliniques de lui verser une ristourne de 300 DH, prélevée sur le montant de la visite. Certes, l'ensemble des personnes interrogées a désiré garder l'anonymat, de crainte d'être taxées d'envieuses. Aussi, il n'est pas étonnant que la réaction de l'association demeure pour le moment timide. Cela s'explique, selon son secrétaire général, Farouk Iraqui, par le fait que « l'ordre ne réagit que quand il y a entorse grave à l'éthique et à la déontologie ». Il juge ainsi que le choix de la clinique Dar Salam, comme intervenant exclusif au niveau des tests médicaux ne constitue en aucun cas une altération au cadre conventionnel national. Ce dernier stipule qu'un engagement tel que celui conclu avec Al Najat doit être fait à l'échelle nationale. « La convention conclue avec Dar Salam portant sur une durée ponctuelle ne peut répondre à cet impératif appliqué aux opérations de longue durée », a-t-il ajouté. Cependant, peut-on tenir le même discours quand il s'agit d'abord de s'assurer que les 900 DH déboursés par les candidats le sont à bon escient ? Certes, l'ANAPEC et le ministère de l'Emploi ont fait la sourde oreille aux multiples branle-bas de la Fédération internationale des travailleurs du transport, mais la clinique et l'ordre duquel elle dépend devaient s'assurer de la véracité de l'opération avant de s'y investir. « Ce que je peux reprocher à Dr Bahnini, c'est de ne pas avoir senti qu'il y avait problème au moment opportun. Encore faut-il qu'il ait une certaine expérience en la matière », ajoute-il. Il entend par expérience la connaissance des capacités de recrutement de par le monde … • Nabila Fathi et Imane Azmi