Le choix porté par la société émiratie Al Najat sur Dar Salam pour passer un examen médical à l'ensemble des candidats à des postes à bord de bateaux suscite maintes interrogations. La clinique d'urgences et de spécialités diverses Dar Salam manquait de célébrité… jusqu'au jour où elle fut impliquée directement dans l'une des affaires de recrutement les plus emblématiques dans l'histoire récente du pays. L'affaire d'emploi de quelque 22.000 Marocains dans des bateaux de croisière et de plaisance en Europe et aux Etats-Unis par l'intermédiaire d'une société Emiratie sous la dénomination sociale Al Najat. Seulement, un petit détail confère à cette opération un aspect pour le moins intriguant. Le choix porté sur ladite clinique ainsi que l'exclusivité qu'elle a pu «décrocher» en matière de prestation de services portant sur l'examen médical des candidats suscitent maintes interrogations. Une exclusivité que le directeur de la clinique en question, Dr Bahnini renie. «Aucun contrat stipulant une telle chose, n'a été soulevé lors de nos discussions avec Al Najat et nous n'avons signé aucun document qui puisse y faire référence», souligne-t-il. Et pourtant, les faits prouvent qu'il s'agit bel et bien d'une exclusivité. L'Association nationale des cliniques privées du Maroc a reçu des plaintes de la part de médecins du privé mettant en cause le choix d'agréer une seule institution médicale et d'en écarter les autres, assure Farouk Iraki, président de ladite association. S'il est légitime de se poser des questions quant à la voie empruntée par Al Najat dans le choix de son partenaire médical, le tarif de la visite médicale, 900Dh en l'occurrence, ne peut qu'en soulever d'autres. Un prix qui, à en croire M. Bahnini, directeur médical de la clinique Dar Salam a été fixé par la société Emiratie Al Najat en concertation avec son coordinateur marocain, Réda Ramy pour ne pas le nommer. «Une somme qui couvre à peine l'investissement dans lequel la clinique a été contrainte de s'engager, en termes de ressources humaines et de logistique», lance le directeur médical. A compter le nombre de candidats, rassemblés chaque jour, depuis plus d'un mois pour passer leur visite, un renforcement du corps médical était inévitable. «Une centaine de médecins est mobilisée. En outre, nous continuons de recevoir un grand nombre de candidatures de la part de médecins du public, conscients du besoin temporaire de la clinique en matière de ressources humaines», assure M. Bahnini. Jusqu'à la date d'hier, la clinique Dar Salam avait procédé à l'examen de 19.000 candidats à l'émigration. Elle compte en recevoir davantage puisque l'opération va s'étaler sur les jours à venir. «Le nombre de personnes à examiner fluctue selon les jours », ajoute-t-il. Et d'expliquer, «la société Al Najat nous transmet un plannig hebdomadaire qui fixe le nombre de personnes que nous sommes habilités à accueillir dans nos locaux ». Pour pouvoir respecter les clauses du contrat qui la lie à la société émiratie, Dar Salam a mis son activité principale en stand-by, le temps de passer en visite l'ensemble des candidats, appelés à dépasser les 22.000, annoncés au départ. Selon M. Bahnini, d'autres cliniques sont actuellement en pourparlers avec Al Najat pour partager le gâteau avec Dar Salam. Cette dernière «a été agréée par Al Najat après un travail de prospection portant sur l'ensemble des cliniques du pays », tient à préciser le directeur de la clinique. Spectacle impressionnant celui de voir des bus, venus de toutes les villes du royaume, faisant du boulevard Modi Bo Keita, là où se trouve la clinique Dar Salam sa nouvelle station. A son bord, des jeunes et moins jeunes en quête d'un emploi dans un nouvel Eldorado. Et peu importe sa nature pourvu qu'il rapporte.