Le gouvernement israélien risque d'éclater à la veille d'un vote crucial sur le budget 2005. Une crise interne qui pourrait remettre en question le plan de retrait de la bande de Gaza du Premier ministre Ariel Sharon. La possibilité d'élections anticipées se profile à l'horizon. Ariel Sharon ne sait plus où donner de la tête. Son gouvernement est plus que jamais faible. Yossef Lapid, leader du Shinouï, le deuxième parti de la coalition gouvernementale avec 14 députés sur un total de 120 que compte la Knesset, a fait éclater la dernière crise en date en annonçant que sa formation voterait contre la loi de Finances pour l'année 2005, examinée en première lecture ce mercredi. Cette décision a été prise en protestation à une autre, prise cette fois-ci par le Premier ministre israélien lui-même, d'accorder 66 millions de dollars de subventions publiques aux institutions scolaires du Judaïsme unifié de la Torah (5 députés), en échange du soutien de ce parti ultra-orthodoxe. « Si Sharon est prêt à renoncer à notre alliance pour corrompre les orthodoxes qui s'opposent à son plan de désengagement unilatéral et à son plan de redressement économique, eh bien nous quitterons à grand regret la coalition », a déclaré M. Lapid, actuel ministre de la Justice. La réponse d'Ariel Sharon ne s'est pas fait attendre. Il a clairement fait comprendre aux députés du parti laïc qu'il n'hésiterait pas une seule seconde à limoger tous les ministres qui s'opposeront à ce projet de budget. Plusieurs observateurs estiment que c'est là une tentative pour le Premier ministre israélien qui lui permettrait de faire les yeux doux au parti travailliste, la principale formation d'opposition de gauche, dans une coalition et de mener à bien son projet d'évacuation de la bande de Gaza, qui doit s'achever l'an prochain. Ariel Sharon est même prêt à aller jusqu'au bout de cette épreuve de force avec le Shinouï. « Si nous sommes obligés d'aller de nouveau à des élections, pour la troisième fois en trois ans et demi, nous le ferons, bien que cela soit totalement superflu », a-t-il affirmé en début de semaine. Et d'ajouter: « J'ai dit que des élections (anticipées) maintenant constituent un grave danger d'un point de vue économique et politique. Une autre option serait d'élargir la coalition et je déploierai tous les efforts pour y parvenir ». Mais cette opération de charme n'est pas sûre à 100 %. Et pour cause, le parti travailliste n'est pas prêt à adopter une position unifiée à ce propos en raison de la plus grande confusion qui y règne. Le comité central du parti travailliste devait se réunir mercredi pour tenter de fixer la date des primaires qui vont permettre de désigner le prochain chef du parti. Cette formation n'échappe en effet pas à une querelle de chefs. Une opération qui pourrait prendre beaucoup de temps, chose qu'Ariel Sharon n'a pas. La législation israélienne que le budget doit être voté avant le 31 décembre après trois lectures. Dans le cas d'un non-respect de cette échéance de la part du gouvernement, il dispose d'un délai de grâce de trois mois pour faire adopter la loi de Finances. Mais au 31 mars, si le texte n'a toujours pas été voté, le gouvernement tombe et des élections doivent avoir lieu. Cette situation de blocage concernant le budget 2005 a mis à nu de nouveau la fragilité de la coalition gouvernementale israélienne. Ariel Sharon, qui ne dispose plus d'une majorité parlementaire suite à l'adoption du plan de séparation d'avec les Palestiniens prévoyant le retrait israélien de la bande de Gaza d'ici à septembre 2005, ainsi que le démantèlement des 21 colonies juives de la région et de quatre autres en Cisjordanie, n'a plus vraiment le choix.