M. Karioun a dénoncé l'élaboration unilatérale de ce projet de loi. Le président de la FNAV réitère, encore une fois, que les professionnels ont été écartés de ce processus et n'ont été informés du contenu du projet qu'après sa publication sur le site du SGG. La grogne monte chez les agents de voyages nationaux. Et pour cause, l'avant-projet de loi portant sur la réglementation de leur métier. Une nouveauté qui déplaît, pour plusieurs raisons, aux professionnels. Pour présenter davantage d'explications, une conférence sera organisée incessamment à Casablanca. C'est d'ailleurs ce que nous a confié Amal Karioun, président de la Fédération nationale des agences de voyages (FNAV). Dans un bref entretien qui nous a été accordé, M. Karioun a dénoncé l'élaboration unilatérale de ce projet de loi. Le président de la FNAV réitère, encore une fois, que les professionnels ont été écartés de ce processus et n'ont été informés du contenu du projet qu'après sa publication sur le site du Secrétariat général du gouvernement (SGG). En effet, le texte y a été mis en ligne pour commentaires. Bien que le délai fixé approche à sa fin, aucun professionnel n'a réagi à ce propos. Ce mutisme traduit clairement le mécontentement des agents de voyages. «Avant de décider il faut tout d'abord consulter, avancer des arguments et mettre en place quelque chose qui va tenir la route. Je n'ai jamais vu de décision qui a été prise avec une telle désinvolture que celle que l'on prend aujourd'hui», nous explique Amal Karioun. Selon le président de la FNAV, ce projet a été élaboré en une semaine pour contrecarrer une proposition de loi présentée par des parlementaires de l'USFP à la seconde Chambre des conseillers. «Les gens qui ont élaboré ce texte ne veulent pas abandonner la prérogative d'attribuer des licences d'agences de voyages. Aucun comité de consultation, tout sera fixé par voie réglementaire... Mais ce projet est d'un obscurantisme total ! Nous demandons à ce qu'il soit retiré. Il n'est pas en harmonie avec l'évolution du pays ni au regard de la régionalisation ni à celui du respect du consommateur». Et de poursuivre : «Ce qu'on met aujourd'hui est absolument obsolète. Il s'inscrit, simplement, dans une vision populiste et non pas prospective». Cherchant à connaître la version du département du tourisme, nous avons essayé de contacter Lahcen Haddad. Le ministre de tutelle est, malheureusement resté injoignable. Notons que dans leur lecture de l'avant-projet de loi, les professionnels relèvent plusieurs failles. «Tel qu'il est écrit, ce texte est loin de défendre la libéralisation du secteur ou encore sa formalisation. Il permettra à tout un chacun d'ouvrir son agence et exercer le métier. Il suffit juste qu'il le demande», explique le président de la FNAV. L'une des lacunes mise en relief par Amal Karioun est l'âge du requérant de la licence « B » qui réfère selon le projet de loi aux entités distributrices des voyages exerçant sans obligation d'exclusivité dans la vente des prestations touristiques. Le texte indique, dans ce sens, que la personne physique devrait être âgée de 21 ans au moins et justifiant d'une expérience et d'une formation telle que fixée par voie réglementaire. «Quelle expérience pourrait avoir un jeune de 21 ans alors que l'ancien texte stipulait que l'agent devrait être soit un diplômé de l'Institut supérieur international de tourisme de Tanger (ISIT) qui en moyenne a une formation de 4 ans ou ayant à son actif une expérience professionnelle d'au moins 7 ans», apprend-on d'Amal Karioun. Pour rappel, la réforme réglementaire de la loi relative au statut des agences de voyages a pour ambition de disposer d'un système de distribution à la fois inclusif, fluide, flexible et sécurisé. Le texte devrait, ainsi, définir une nouvelle gradation du système de licence ainsi que de nouvelles mesures pour la vente online et à distance. Il compte également améliorer les conditions d'accès à la profession d'agent de voyages et de la gestion de l'activité.