Le futur Premier ministre sera jugé par le peuple à l'aune de sa capacité ou non à engager de profondes réformes économiques et sociales dont notre pays a réellement besoin aujourd'hui. Telle est la conviction de Mourad Belamâchi, président de l'organisation patronale Medum (Mouvement économique du Maroc). Aujourd'hui le Maroc : En tant que chef d'une nouvelle organisation patronale, qu'exigez-vous de la future Chambre de députés? Mourab Belamâchi : Il me semble important de rappeler avant de répondre à vos questions que les élections ne représentent pas un objectif en soi. Une élection est avant tout un moyen qui permet aux acteurs politiques et économiques de mettre en œuvre, une fois au pouvoir, les idées et les solutions qu'ils considèrent comme étant les meilleures pour résoudre les problèmes d'un pays dans tous les domaines. S'agissant maintenant de celles que notre pays vient de connaître, il est essentiel de rappeler que c'est véritablement les premières élections sincères et transparentes qui ont permis de clarifier partiellement le paysage politique national et donner aux électeurs la possibilité de choisir en toute liberté les personnes susceptibles de les représenter au sein de la future chambre des députés et travailler pour la concrétisation de leurs attentes. Parmi ces électeurs figurent évidemment des chefs d'entreprise qui attendent tout naturellement du futur gouvernement un peu plus d'écoute et une meilleure prise en compte des problèmes des entreprises. C'est d'autant plus nécessaire que tout le monde s'accorde aujourd'hui à considérer qu'aucun développement n'est possible sans un outil productif performant, c'est-à-dire des entreprises qui évoluent dans un environnement sain et dynamique. Comment cela doit-il se traduire concrètement ? Dans la pratique, le futur gouvernement doit s'atteler à associer les organisations syndicales et patronales à ses différentes actions. Car, c'est la pluralité qui est à l'origine de toute richesse. Il doit aussi essayer d'élaborer un contrat-programme pour l'ensemble des secteurs économiques et non des contrats-programmes sectoriels. En avantageant un secteur sur d'autres, c'est une grande partie de l'économie qui est lésée. Qu'en est-il aussi des priorités au niveau des textes de loi ? Je répondrai en donnant des exemples. Je pense en effet au code du travail qui doit sortir des tiroirs, à la réactualisation des textes portant sur la loi sur les sociétés anonymes et le code du commerce. Ces derniers, au lieu d'inciter à la création d'entreprises, pénalisent les entrepreneurs. Je suis convaincu, comme tous les chefs d'entreprise d'une chose. Les textes de loi sont certes faits pour réglementer le champ, pour ne se limiter qu'à cet aspect, mais leurs concepteurs doivent avoir une bonne dose de vigilance en prévoyant leur impact sur l'environnement économique. Car, comment peut-on mettre en application une loi qui au lieu de promouvoir la création d'entreprise, produira exactement l'effet contraire ? D'un autre côté, laisser traîner des dossiers d'une importance capitale, comme le code du travail, peut présenter le même degré de gravité, à mon avis. Quel est donc selon vous le profil auquel doit correspondre le futur Premier ministre? En tant que président du Medum, je suis convaincu que la personne qui aura à occuper le poste de chef du gouvernement, indépendamment de son appartenance politique, devra faire de la promotion de l'entreprise sa principale préoccupation. Il doit passer à l'acte le plus tôt possible pour régler les grands problèmes qui empêchent le Maroc d'aller de l'avant et réussir son décollage économique. Le futur Premier ministre sera jugé par le peuple à l'aune de sa capacité ou non à engager de profondes réformes économiques et sociales dont notre pays a réellement besoin aujourd'hui. Comme principale priorité figure l'éternelle question du financement des entreprises à laquelle il faut trouver une solution urgente et efficace. Si les banques marocaines ne sont pas capables d'assurer cette mission, il faut ouvrir le champ aux banques étrangères pour qu'elles puissent accorder des crédits aux entreprises marocaines. Le maître mot est le retour de confiance. Les élections du 27 septembre vont redonner confiance à l'investisseur, mais aussi au citoyen ordinaire. Aussi, et dans le même sens, j'espère que les élections communales prévues en 2003 s'inscriront dans le même esprit. Cela est d'autant plus important que les élus communaux ont une plus grande proximité avec les problèmes et priorités de leurs électeurs.