Le département de Mohamed Boussaïd s'engage à traiter au fur et à mesure de leur dépôt les demandes de départ volontaire des fonctionnaires, sauf celles de la Santé et de l'Education dont l'Etat a toujours besoin. Le ministère de la Modernisation des secteurs publics travaille d'arrache-pied pour finaliser, avant le 1er janvier 2005, l'opération du départ volontaire des fonctionnaires. Et pour cause, pendant les six premiers mois de l'année prochaine, le département de Mohamed Boussaïd, en étroite collaboration avec les autres ministères, devra permettre à plusieurs centaines de fonctionnaires de quitter l'Administration et, pourquoi pas, entamer une nouvelle carrière dans le secteur privé. Les conditions mises en place par le ministère de la Modernisation des secteurs publics sont très attrayantes. Boussaïd tient à préciser, tout d'abord, qu'il n'y a pas globalement " de sureffectif dans l'Administration marocaine puisque, actuellement, les fonctionnaires civils représentent 2,3% de la population". A titre comparatif, en Tunisie, ce taux est de 3,7%, en Algérie, il dépasse les 4%. Toutefois, le ratio salaire/PIB est extrêmement élevé au Maroc, quatre fois plus élevé que dans les pays développés. En termes clairs, la masse salariale atteint des niveaux dépassant de loin les moyens de l'Etat. Par ailleurs, la fonction publique souffre d'une très mauvaise répartition des ressources humaines entre les secteurs, d'une part (une municipalité comme Casablanca compte 23.000 fonctionnaires), entre les services centraux et territoriaux, et enfin entre les profils (il y a beaucoup plus de fonctionnaires exécutants que de concepteurs de stratégies). En réponse à tous ces problèmes, le département de Boussaïd a donc mis en place cette opération de départ volontaire, en tenant compte des intérêts de l'Etat et des candidats au départ. "Diminuer le nombre de fonctionnaires n'est pas une fin en soi du ministère", assure Mohamed Boussaïd. Et pour cause, ce n'est qu'un point de départ, pour l'exécution d'une véritable stratégie de modernisation de l'Administration à travers un "re-profilage des effectifs et surtout la valorisation du fonctionnaire". Ce dernier ne doit plus se considérer comme un simple salarié. Les fonctionnaires doivent se considérer, contrairement aux travailleurs du secteur privé, comme de véritables militants et serviteurs du pays. En d'autres termes, ceux qui ont choisi la fonction publique pour le confort, doivent s'activer dès le 1er janvier pour inscrire leur nom dans la liste des partants. Le ministre a également précisé que si les départs sont totalement volontaires, l'Administration se réserve le droit de refuser le départ de telle compétence, ou de telle catégorie professionnelle. C'est le cas pour les fonctionnaires du secteur de la Santé et de l'Education. "L'Etat a un manque dans ces deux domaines", assure Boussaïd. Pour les autres, les demandes seront traités au fur et à mesure de leur dépôt. "Puisqu'il s'agit d'une bonne opération économique et sociale, le premier venu sera le premier servi", explique Boussaïd. Ainsi, à titre d'exemple, un fonctionnaire en fin de carrière touchera, en plus du pécule calculé en fonction du nombre d'années travaillées (1 mois et demi par année travaillée avec un plafonnement à 24 ans), sa retraite complète dès le lendemain de son départ. Quant aux jeunes qui viennent de démarrer et qui ne se retrouvent pas dans l'Administration, ils n'auront pas droit à la retraite, mais pourront récupérer, en plus de l'indemnité calculée également sur la base du nombre d'années travaillées, leur part salariale à la Caisse marocaine des retraites. En tout cas, dans chaque ministère, une cellule sera mise en place afin d'effectuer des simulations à tous ceux qui le souhaitent. Un réseau des directeurs des ressources humaines de tous les départements ministériels se réunira lundi prochain pour finaliser les procédures. Boussaïd, qui se garde d'avancer des chiffres, assure néanmoins qu'il est confiant de la réussite de cette opération.