Le score réalisé par les petites formations politiques ou les nouveaux partis créés dans la précipitation pour des raisons électorales ne leur permet pas de peser sur les tractations en cours entre les grandes formations. Des regroupements et des alliances sont plus que jamais nécessaires pour mettre fin à la balkanisation de la carte politique. Les faits sont têtus. Les résultats des législatives ont confirmé les grands partis dans leur statut, avec cette percée logique et prévisible du PJD qui a largement mordu sur la faiblesse de l'opposition. Elles ont constitué une leçon pour ceux qui ont hâtivement prétendu changer la donne politique et redessiner le paysage. Les nouvelles formations ont payé d'avoir trop préjugé de leurs forces. Le cas de l'Union démocratique de Bouazza Ikken avec neuf sièges reste à part. Le profil des candidats et celui du chef de file ont beaucoup joué dans ce score. Une variante de la mouvance populaire gagne du terrain. Ce n'est pas le cas du parti de Najib Ouazzani, Al Ahd, issu lui de la même mouvance. Il n'a eu que 5 sièges, dont le docteur Ouazzani lui même. On voit mal comment Al Ahd peut faire valoir ses choix, ses opinions, sauf s'il revient dans son fief, par des alliances avec les autres composantes de la mouvance populaire. Si le cas Al Ahd peut être réglé de la sorte, le cas de Forces citoyennes et de l'Alliance des libertés est plus grave. La deuxième formation a eu 4 sièges et son président, Ali Belhaj, a été battu. La première n'a récolté que deux sièges et une défaite de son président, Abderrahim Lahjouji. Deux formations se réclamant du champ libéral qui n'arrivent pas à avoir les voix des libéraux. Autre formation libérale, elle aussi, même par son nom, le Parti marocain libéral dirigé par Mohamed Ziane, elle n'a eu que 3sièges. C'est dire que les trois formations libérales unies n'auront pas de groupe parlementaire, d'autant plus que même la liste nationale ne leur sera d'aucun secours. C'est ce qui a fait dire à Mohamed Alouah, dirigeant du Parti libéral marocain qui n'a pas pris part aux élections, que le faux pas réside dans la participation aux législatives avant de passer par le cap des communales. «Ils ont refusé une alliance des partis libéraux, le résultat est bien là», dit-il. Autre vision du monde, même déconvenue. Le Parti de la gauche socialiste unifiée et le Parti du congrès national ittihadi n'ont récolté que trois sièges pour le premier et un seul pour le second. On voit mal comment ceux qui, autour de Noubir Amaoui, patron de la CDT, ont claqué la porte de l'USFP lors du sixième congrès pourront faire évoluer leur formation avec un tel score. Avec les démissions que les rangs du parti ont enregistrées. L'annonce récemment de leur boycott du parlement ne changera rien, étant donné que la virginité ne se refait pas en sacrifiant un siège à la Chambre des représentants. Quant au GSU, avec Mohamed Bensaid réélu, ce regroupement de circonstance ne pourra finalement pas peser sur les tractations d'après scrutin. Deux nouvelles formations, Parti de la réforme et du développement, et de l'environnement et du développement ont eu chacun deux sièges. Le même score qu'a réalisé l'un des plus anciens partis du pays, le Parti de la démocratie et de l'indépendance (Choura wal Istiqlal). Un score faible dû à l'absence du parti sur la scène, à ses guerres intestines et à son président Abdelouahed Mâach, qui s'enferme, selon ses contestataires, dans une posture de solitaire obstination . Un score qui fait pâlir les héritiers de Mohamed Belhassan Ouazzani, qui doit se retourner dans sa tombe à cause des dérives de sa formation. Le Parti de l'Action, dont les membres sont traînés devant la justice par leurs adversaires internes et qui a vu son congrès invalidé et dont les travaux se sont transformés en bagarres rangées, il y a un peu plus de deux ans, avec intervention de la police et évacuation du siège à Casablanca, n'a finalement eu aucun siège. Tout comme le Parti du Centre Social, l'Initiative Citoyenne de la Démocratie et le Parti du Renouveau et de l'Equité. Les temps sont durs et en l'absence de vision unioniste chez ces formations, en l'absence d'un fair-play de la part de leurs dirigeants, la balkanisation de la vie politique continuera à produire des effets néfastes. Y compris pour ces partis. De deux choses l'une : soit ces formations qui ont des visions semblables se regroupent dans l'humilité pour fonder un bloc cohérent, soit ils rejoignent les partis existants. La démocratie y gagnera davantage.