Elle nie à haute voix, devant le juge de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca, avoir plumé ces victimes qui réclament les sommes d'argent qu'elles lui ont versées contre des promesses qu'elle n'a jamais tenues. A l'instar de la majorité des escrocs, elle affirme qu'il s'agit d'un coup monté contre elle. Par qui et pour quelles raisons ? Pas d'explications plausibles. Âgée de trente-six ans et mère de deux enfants, elle a découvert, depuis quatre ans, dans l'escroquerie un moyen de gain d'argent facile. Elle a déjà purgé une première peine d'emprisonnement d'un an ferme. Cela ne l'a pas pour autant dissuadée d'arrêter son activité favorite. Elle a réussi cette fois-ci à filouter une douzaine de personnes. A chacune, elle a promis de lui rendre un service contre une somme allant jusqu'à 60 mille dirhams. «Elle m'a promis de me recruter dans un établissement hôtelier en Arabie Saoudite contre une somme de 30 mille dirhams. Je lui ai versé toute la somme, sans qu'elle tienne sa promesse», précise une victime, âgée de vingt-neuf ans, qui plus est doit faire face à ses créanciers. Et pourtant, la mise en cause n'hésite pas à affirmer au juge qu'elle ne l'a jamais rencontrée, ni croisée quelque part. «C'est une menteuse, M. le juge», traite-t-elle la victime qui n'en croit pas ses oreilles. Et elle en fait de même avec toutes les autres victimes, toutes des jeunes filles. «Je ne les ai jamais connues, M. le juge», ajoute-t-elle devant le magistrat qui lui demande pour quelles raisons elles l'accusent. Elle traite même l'une de ses victimes d'une fille de joie qui avait l'intention de se venger d'elle. «Elle était la maîtresse de mon époux qui me trompait avec elle et elle avait l'intention de se venger de moi», précise-t-elle au tribunal. Seulement, son mari qui a été convoqué par le juge a rejeté ses accusations en précisant qu'il ne l'a jamais trompée. Il était clair que les arguments de la mise en cause ne faisaient pas le poids devant les témoignages accablants des victimes Verdict : Trois ans de prison ferme assortie d'une amende de 20 mille dirhams et la restitution d'une somme de 600 mille dirhams aux victimes.