La transformation de la géographie économique du Maroc a rendu plus complexe l'organisation socio-économique et socio-spatiale du pays. C'est en Zambie que se tiennent jusqu'à vendredi les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement. Il s'agit du 51ème rendez-vous annuel de la BAD et de la 42ème assemblée de son guichet concessionnel, en l'occurrence le «Fonds africain de développement». Les travaux ont démarré lundi sous une recommandation vitale pour l'Afrique . Le continent devrait libérer le potentiel économique de ses territoires afin de créer les millions d'emplois dont il a besoin. Cette conclusion a été tirée du rapport annuel de la BAD portant sur les perspectives économiques en Afrique. Ce document, rendu public lors de la première session de travail des assemblées, met l'accent principalement sur la corrélation existante entre le développement des villes durables et la transformation structurelle en Afrique. L'objectif étant de fournir des données probantes sur le rôle des villes dans la facilitation de la transformation structurelle en Afrique et mettre en exergue les différents facteurs de l'urbanisation du continent. «Le rapport montre que la transition de l'Afrique présente de multiples facettes et que la densification que produit l'urbanisation offre de nouvelles perspectives de développement économique, social, climatique et environnemental», apprend-on de la BAD. Et d'ajouter que «le document met l'accent sur l'importance des investissements dans l'infrastructure, en particulier dans l'énergie propre et le transport vert pour renforcer la résilience des villes africaines et libérer le potentiel d'industrialisation du continent en misant sur l'urbanisation, la création d'emplois durables et l'amélioration des moyens de subsistance». Le rapport a établi un diagnostic complet de 54 pays africains dont le Maroc. Dans une note consacrée au Royaume, la BAD indique que «le Maroc affiche de bonnes perspectives de croissance et les efforts poursuivis pour consolider les fondamentaux macroéconomiques ont permis de réduire les déficits budgétaire et courant». La Banque africaine a également salué les efforts fournis par le Maroc pour répondre aux défis sociaux et l'amélioration des conditions de vie de la population. Bien qu'il soit cité en exemple, le Maroc rencontre des enjeux majeurs, notamment ceux relatifs aux disparités régionales et spatiales. «Le Maroc a connu, depuis quelques années, des transformations rapides dans les domaines économique, social et culturel qui ont conduit à un changement des rapports entre la population marocaine et son territoire. Cette transformation de la géographie économique du pays a rendu plus complexe l'organisation socio-économique et socio-spatiale du Maroc», lit-on dans le rapport de la BAD qui explique les disparités régionales au Maroc par trois facteurs, à savoir : le déficit socio-économique que connaissent les zones rurales désavantagées, les considérations culturelles et les insuffisances du système de santé dans ces zones. «Ces résultats soulignent la nécessité de mettre en place les stratégies nécessaires pour atténuer les disparités et permettre aux citoyens de s'inscrire dans la dynamique économique du pays», relève-t-on du rapport. La BAD mise grand sur la stratégie de la régionalisation avancée engagée par le Royaume ayant proposé, en première étape, un nouveau découpage régional. Cette feuille de route territoriale insufflera en effet une nouvelle dynamique pour les 12 régions marocaines. Elle consolidera leur rôle au développement économique, politique, social, culturel et environnemental, comme elle contribuera à la mobilisation de nouvelles ressources. Notons que le choix des villes durables et de la transformation structurelle en Afrique comme axe du rapport des perspectives économiques en Afrique s'inscrit dans la thématique principale des assemblées, à savoir l'«Energie et le changement climatique dans le continent». A cet effet, la BAD dévoile ces cinq grandes priorités . Investissement de la BAD dans l'énergie : Un financement de 12 MM de dollars d'ici 2020 Dans le cadre du new deal pour l'énergie, la BAD mise sur la mobilisation des capitaux nationaux et internationaux pour des financements innovants du secteur. A cet effet, des mécanismes novateurs sont requis pour mobiliser 40 à 70 milliards de dollars de capitaux domestiques et internationaux supplémentaires. «Atteindre un tel niveau de financement dans le secteur exige que toutes les parties prenantes – publiques et privées –agissent ensemble pour créer les conditions propices aux flux financiers, développer des projets bancables, réformer les services d'utilité publique et pour améliorer les capacités d'absorption des pays africains», apprend-on de la BAD. En outre, les investissements de la BAD dans l'énergie et les financements de la lutte contre le changement climatique devraient s'accroître. Dans le cadre du new deal, la BAD va intensifier ses investissements afin d'offrir des financements et des garanties, des cofinancements et de la syndication. Entre 2016 et 2020, la banque va investir quelque 12 milliards de dollars et mobiliser près de 50 milliards de dollars de financements publics et privés en faveur d'investissements dans le secteur de l'énergie. En outre, elle va tripler ses financements climatiques, en les portant à quelque 5 milliards de dollars par an à l'horizon 2020, et mobiliser autour de 20 milliards de dollars d'investissements privés et publics au titre d'actions d'atténuation et d'adaptation au changement climatique.