Mustapha, 34 ans, devait répondre hier aux questions du parquet général près la Cour d'appel de Casablanca à propos de l'assassinat, lundi, de son amante, Amal, 25 ans, qui voulait le quitter. Démence passagère ou crime prémédité ? C'est la question à laquelle les éléments de la première brigade criminelle (1ère BC) auprès de la police judiciaire de Derb Soltane-El Fida, à Casablanca, devaient répondre quand ils ont été alertés, lundi 13 octobre, du fait qu'une jeune fille a été poignardée par un jeune homme et que ce dernier a pris la fuite. Les enquêteurs de la 1ère BC se sont dépêchés aussitôt sur le lieu du crime : Hay Laâyoune, rue n° 20, quartier Derb Soltan. Les badauds s'attroupaient déjà autour du corps et l'un d'eux a déjà téléphoné à la protection civile. La jeune fille doit être sauvée à tout prix. Car elle risque la mort à tout moment. Son corps gisait par terre, dans une mare de sang. Elle présentait une blessure très grave au niveau d'une artère de la nuque. Une deuxième au visage et une troisième à la poitrine. La majorité des badauds connaissent la victime. Elle n'habite pas loin de là, juste à la rue n° 67, du même quartier. Elle s'appelle Amal, secrétaire dans une société d'informatique, située au centre-ville. Elle jouissait d'une bonne réputation au quartier et au travail. Ses voisins, ses amis et collègues étaient au courant de sa relation amoureuse avec B. Mustapha, trente-quatre ans. Il demeure un peu plus loin, au quartier Malouaya. Depuis qu'il a quitté les bancs de l'école et qu'il a été licencié d'une entreprise, il n'a cessé de se débrouiller. Il n'avait jamais honte de s'adonner aux petits métiers pour gagner honnêtement sa vie. Amal l'aimait et était fière de lui. Elle ne l'a jamais trompé et ne lui a jamais tourné le dos, depuis leur première rencontre en 1996. Mais, leurs relations amoureuses connaissaient de temps en temps des brouilles. Sans conséquences graves toutefois. Ils ne sont jamais arrivés à une phase critique comme cela s'est produit il y a un mois quand ils ont échangé des insultes. Mustapha n'a pas pu se contrôler et les paroles abjectes ont cédé la place à l'irréparable. Il a malmené violemment son amante, qui ne voulait plus de lui. Elle lui a tourné enfin le dos. Pourquoi? Il semble qu'elle ne supporte plus que leurs relations restent hors mariage. Elle est convaincue qu'il était incapable de veiller sur une famille. La raison est qu'il est devenu chômeur. Ne supportant d'être humiliée, elle a porté plainte contre lui devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Derb Soltane-El Fida, l'accusant de coups et blessures. Bien que cette plainte soit en cours d'instruction, Mustapha est resté attaché à elle. Il n'a pas cessé de lui courir après et la supplier de reprendre leurs relations amoureuses. Mais en vain. Lundi 13 courant. Elle venait de sortir de chez elle, vers 8h 30mn, quand elle a rencontré un collègue. Ce dernier habite à proximité. Ils se sont salués en se rendant à la station de bus qui mène au centre-ville. Mustapha les croise, les salue avant de demander à Amal de lui parler. Le collègue les a laissés ensemble. N'avançant que de quelques pas, il a entendu un cri strident. En tournant la tête, il est surpris de voir Amal s'effondrer, tandis que Mustapha prenait la fuite après lui avoir asséné des coups de couteau. Après une surveillance discrète de quelques heures, les policiers de la 1ère BC ont fini par l'arrêter. Il a été traduit, hier mercredi, devant la chambre criminelle près la cour d'appel de Casablanca. Amal a été enterrée.