Le ministre espagnol de la Défense a déclaré avoir recommandé à son gouvernement d'ignorer les déclarations de Benaïssa et a annoncé que l'armée espagnole allait poursuivre ses opérations de vigilance. La politique étrangère espagnole souffre d'un manque de cohérence chronique depuis l'arrivée au pouvoir du Parti Populaire une politique qui s'est répercutée sur les relations internationales de Madrid. Cette constatation de fait est corroborée par le comportement des membres de l'Exécutif espagnol lié au conflit avec le Maroc. Ainsi, le ministre espagnol de la Défense, Federico Trillo, et sa collègue pour les Affaires étrangères, Ana Palacio, multiplient les déclarations sans se soucier d'en harmoniser le contenu. Alors que le premier fait preuve d'arrogance colonialiste, la deuxième, ne maîtrisant pas ses dossiers, fait des déclarations contradictoires et incohérentes. Dans une déclaration à la presse espagnole, Federico Trillo a annoncé que l'armée espagnole allait "continuer à réaliser des opérations de vigilance aérienne et navale à Perejil (îlot Tourah) et dans les environs de toutes les possessions espagnoles en Afrique du nord". Trillo répondait ainsi aux déclarations faites par le ministre marocain des Affaires étrangères marocain, Mohamed Benaïssa, dénonçant les violations répétées des espaces aérien et maritime marocains par l'armée espagnole. Les avions militaires et les navires de guerre espagnols avaient violé la souveraineté territoriale marocaine à 61 reprises, avait déclaré Benaïssa. À ce propos, le ministre de l'Armada espagnole a "recommandé à son gouvernement d'ignorer dorénavant les déclarations du chef de la diplomatie marocaine. "Il ne faut pas suivre monsieur Benaïssa dans cette escalade verbale", a-t-il dit. Les opérations de vigilance effectuées par l'armée espagnole dans les eaux territoriales du Maroc et les violations de l'espace aérien par ses avions militaires sont un droit que l'Espagne se permet d'exercer, selon le ministre espagnol. "L'armée espagnole a le droit d'effectuer des opérations de vigilance afin d'éviter qu'il y ait des situations de fait consommé comme celle que nous avons eue en juillet et pour que nous ne soyons pas obligés de recourir à des actions comme celle que nous avons dû effectuer «(NDLR : l'invasion par l'armée espagnole de Tourah)», a-t-il déclaré. Trillo a exprimé aussi son refus de toutes les propositions de médiation offertes par la France et les Etats-Unis. De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Ana Palacio, a déclaré, dans un entretien publié par le quotidien El Pais, que le gouvernement de son pays ne modifiera pas sa position sur la question du Sahara pour tenter d'améliorer ses relations avec le Maroc. «Le Sahara n'est pas une monnaie d'échange. En aucun cas il ne le sera pour améliorer nos relations avec le Maroc», a-t-elle dit. Une affirmation qui contredit la disposition du gouvernement espagnol à discuter de l'affaire du Sahara faite par Palacio à New York. À propos du litige sur l'îlot Tourah, Ana Palacio a continué à qualifier l'installation des éléments de la gendarmerie marocaine sur l'îlot Tourah comme «une violation des règles juridiques établies» et a écarté tout arbitrage ou règlement international en ce qui concerne ce conflit. «Je ne crois pas raisonnable de parler d'arbitrage pour Perejil», a-t-elle dit, «car ce problème est né avant tout d'une violation des règles juridiques établies». «Ce que l'Espagne a défendu et affirmé, c'est la gravité de cette violation des règles existantes de la part d'un pays qui est un partenaire privilégié de l'Espagne et de l'Union-Européenne. Cela, aucun arbitrage ne peut le régler», a-t-elle poursuivi. Elle a, par ailleurs, exhorté son homologue marocain à présenter ses protestations relatives aux violations des espaces aérien et maritime par la voie diplomatique et non pas à travers les médias.