Les longs-métrages en compétition officielle au Festival international du film de Marrakech se caractérisent par leur qualité. Zoom sur trois films qui ont séduit le public. Un constat indéniable. Les longs-métrages en compétition sont de qualité. Le public passe d'émerveillement en émerveillement, et la concurrence pour le premier prix sera dure. Le public s'est déjà constitué sa petite idée sur la qualité des films en regardant « Au-delà de Gibraltar», «Balzac et la petite tailleuse chinoise» et «About a boy». Le premier long-métrage rassemble trois pays : Belgique, Maroc et Turquie. Ses réalisateurs Taylan Barman et Mourad Boucif ont montré les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes marocains qui vivent en Belgique, selon un angle très réaliste. Karim, interprété par Mourad Maimuni, est déchiré entre l'amour d'une Belge et le respect pour les traditions de sa famille. La mort de son frère va complètement bouleverser sa vie. Il s'accroche au noyau familial et signifie à sa compagne Sophie (Bach-Lan Le Ba-Thi) que l'abîme qui sépare leurs deux mondes est infranchissable. Une rupture s'impose. Sophie s'accroche à Karim et le rejoint dans sa dure réalité. Ce long-métrage prend le spectateur du début jusqu'à la fin. Il montre de l'intérieur la vie des jeunes Marocains issus de l'immigration. Ce qu'on peut toutefois reprocher à ce film, c'est l'excès d'émotion qu'il répand. Cela frise par moments le pathos. Ce dont on se félicite en revanche, c'est le jeu irréprochable du jeune marocain Mourad Maimuni. Il a tout pour devenir un grand du cinéma. L'émotion que dégage «Balzac et la petite tailleuse» est d'une autre nature. Ce film, réalisé par le Chinois Daï Sijie, capte d'emblée par les plans lumineux d'une nature montagneuse et verte. De superbes plans où la lumière miroite en traversant le feuillage touffu des herbes. L'histoire se déroule sans un village perdu en Chine du temps de Mao Tse-Toung. Deux jeunes adolescents, issus de familles «réactionnaires», sont envoyés là-bas pour leur rééducation. Ils rencontrent une jeune tailleuse, et l'initient à la lecture de romans interdits. Ils lui font découvrir le monde romanesque de Balzac, Flaubert, Dumas, Tolstoï, Dostoïevski. La vie de la jeune tailleuse se transforme. Elle a soif de liberté et d'imaginaire. Elle s'éprend de l'un des deux rééduqués, s'identifie si bien au monde des personnages des romans qu'elle décide de conformer sa vie à la leur. Elle prend son destin en main et quitte tout… «Balzac et la petite tailleuse» est un film drôle, tendre, rempli d'humour. Son réalisateur fait rire sans jamais cesser d'être poignant. C'est un film qui souligne la capacité de l'homme à se jouer des situations les plus insurmontables. Ce long-métrage a de sérieuses chances pour avoir un prix. Mais il aura rude affaire à «About a boy», le long-métrage des jeunes frères Chris et Paul Weitz. On le regarde et on en sort ravi, changé, confiant. Les événements de ce film se déroulent à Londres. Will Freeman (Hugh Grant) a trente-huit ans. Il vit des droits d'auteur qu'il perçoit d'une chanson composée par son père pour Noël. Il ne fait rien, sinon draguer et larguer. Tous les chemins mènent pour lui à une femme. Mais ces chemins sont parfois jonchés de rencontres inattendus. Dans ce long-métrage, les frères Weitz ont usé de techniques modernes, dont le collage. Des séquences sans liens sont juxtaposées les unes aux autres sans que l'effet ne soit rébarbatif au spectateur. De plus, les frères Weitz ont abondamment exploité la technique de l'aparté. Un film bien parti pour être récompensé à Marrakech. L'un de ces films qui dispensent de grands moments de cinéma. On en sort le cœur et l'âme prêts à rêver.