La compétition internationale du film qui se déroule jusqu'au 28 juin, dans le cadre du Festival de Rabat, attire tous les soirs un très large public. Cette manifestation, censée constituer l'une des activités d'un grand festival, attire tous les feux des projecteurs. Sa réussite dépasse celle de l'événement qui l'a créée. Quel fabuleux destin que celui de cette manifestation ! Elle a été conçue au préalable pour constituer une activité en marge ou dans le cadre du Festival international de Rabat. En peu de temps, les projections de films ont vampirisé les concerts, colloques et représentations théâtrales. A tel point que la compétition internationale du film est devenue non seulement l'événement-phare du Festival international de Rabat, mais ce qui l'identifie le mieux aux yeux d'un large public. La salle où sont projetés les films est archi-comble tous les soirs. Les longs-métrages surprennent par leur qualité. Le jury récompense des œuvres où il y a de la recherche cinématographique. L'année dernière, le prix Hassan II, qui correspond au grand prix de cette manifestation, a été décerné à Daoud Oulad Sayed pour son film « Cheval de vent ». La valeur de ce prix s'élève à 100 000 DH. C'est une somme non négligeable, surtout si on la compare à celle du grand prix du Festival national du film qui atteint à peine 50 000 DH. Le coup d'envoi de la compétition internationale du film de Rabat a été donné samedi 22 juin avec la projection de « Mille mois » de Faouzi Bensaïdi. « Nous avons tenu à inaugurer la manifestation avec un hommage à un film magnifique. Après l'aberration, la honte de ce qui s'est passé à Oujda, c'est le moins que l'on puisse faire », affirme Hamadi Guerum, directeur de la manifestation. Le long-métrage de Faouzi Bensaïdi n'est pas toutefois en compétition officielle pour le prix Hassan II. Par contre, d'autres films de jeunes cinéastes marocains le sont. L'engouement du public pour «Les yeux secs» de Narjiss Nejjar et «Les fibres de l'âme» de Hakim Belabbès, exprimé par un tonnerre d'applaudissements après la projection des deux films, est déjà un signe fort adressé aux jurés de la compétition. Présidé par la grande actrice syrienne Raghda, ce jury se compose de Marianne Bhaltora (Pays-Bas), Latif Lahlou (Maroc), Robert Manthoulis (Grèce), Chema Sarmiento (Espagne), France Zobda (France) et Mohamed Taoufik (Irak). « Nous avons choisi de confier la présidence du jury à une star noble, connue pour son engagement social et la haute idée qu'elle se fait du cinéma », précise Hamadi Guerum. Ce jury aura à trancher entre quinze longs-métrages venus de pays aussi différents que la Corée du Sud ou le Mexique. Le jumelage entre la manifestation de Rabat et le Festival des trois continents de Nantes a permis d'obtenir six films, qualifiés de «magnifiques» par le directeur de la compétition internationale du film de Rabat. Cette présence de films d'horizons divers ne suffit pas toutefois à hausser l'événement au rang de Festival international du film. Tous les longs-métrages étrangers ont été montrés dans d'autres festivals. L'objectif de la manifestation est d'ailleurs moins de constituer un festival international de cinéma, au sens strict de l'expression, que de permettre au public d'apprécier des films qu'il n'aurait pas pu regarder dans les salles faute de distributeurs. Bien plus : la compétition internationale du film de Rabat récompense des films qui ne trouvent parfois jamais de distributeurs dans les salles. « Cheval de vent » de Daoud Oulad Sayed a fait toute sa carrière dans des festivals.