Fraîchement élu à la tête de la CGEM Centre-Sud, Jawad Chami considère que la question économique mérite beaucoup plus d'attention de la part des politiques. Comme de nombreux opérateurs économiques, ses attentes sont énormes du nouveau gouvernement. La CGEM vient d'élaborer un document sur la création de richesse et d'emplois. Traduit-il à votre avis ce à quoi le patronat aspire réellement ? Jawad Chami : En tant que président de la CGEM Centre-Sud, j'adhère point par point à ce que contient ce mémorandum. Il rejoint intégralement ma vision en termes d'identification des secteurs porteurs et de production de richesses. Je tiens par ailleurs à préciser que cette notion de création de richesse n'est pas à confondre avec la simple génération d'argent, mais s'étend à tous les actifs que l'homme est capable de créer. À ce niveau, il y a lieu de revoir la distribution des richesses. Un thème qui mérite un grand débat. Ceci étant, j'ai une remarque particulière à faire concernant le document de la CGEM. Autant le monde économique est sensible à tous les points cités dans le document en question, autant l'administration peut s'avérer incapable de saisir l'ampleur de ce qu'il contient. Un grand effort de sensibilisation est à fournir à ce niveau. Qu'en est-il des efforts fournis au niveau de la CGEM Centre-Sud ? L'Union régionale Centre-Sud n'a pas réellement fonctionné depuis sa création en 1994 jusqu'à nos jours. Ne me demandez pas pourquoi parce que je n'ai pas de réponse valable à vous donner. Force est par ailleurs de constater que l'environnement des entreprises dans les provinces s'avère beaucoup plus agressif qu'au niveau des grandes conglomérations comme Casablanca ou Rabat. À Meknès, nous voulons reproduire le même modèle qui a été introduit dans les villes de Marrakech, Tanger et Agadir. Au sein de ces régions, les voies sont d'ores et déjà tracées. À Agadir par exemple, les secteurs porteurs sont déjà identifiés : tourisme, agriculture et pêche. Pour cette ville, l'essentiel est fait. Il reste à entrer dans le vif du sujet. Dans la région Centre-Sud, un certain nombre de métiers ont été choisis parce qu'ils recèlent des potentialités énormes représentant de véritables facteurs clés de succès. Ceci étant, il faut que cette vision accompagne les choix faits au niveau national. À titre d'exemple, cette dernière a sélectionné le tourisme comme secteur d'activité à promouvoir dans la région de Tafilalet. L'investissement en hôtellerie qui y a été opéré pendant les cinq dernières années réconforte cette vision. L'agro-industrie et la viniculture sont aussi deux secteurs prometteurs dans la région. D'autres sont en cours d'identification. Le Centre régional d'investissement de Meknès peut éventuellement vous aider dans votre démarche. Qu'attendez-vous en particulier de cette institution ? D'abord, la gestion du facteur temps. Si nous réussissons à accomplir les formalités dans les temps impartis, ce serait un grand exploit. Nous aspirons en outre à ce que le CRI puisse mettre à la disposition des opérateurs économiques une banque de données. Un secteur d'activités identifié comme porteur doit s'acquitter d'un maximum d'informations sur sa filière de façon à multiplier considérablement ses chances de réussite. Quels sont les points autour desquels s'articule le programme d'action que vous proposez à ces entreprises ? D'abord, je tiens à dire qu'il faut savoir afficher clairement la volonté de l'union régionale du centre-sud. Les messages S.M. le Roi sont clairs. Ils posent la question économique au premier plan. La conviction qu'il ne peut y avoir de croissance générale sans un véritable développement économique ne doit pas tarder à venir. Dans les pays développés, c'est l'économique qui dicte la voie au politique et non le contraire. Et c'est d'ailleurs une démarche qui a donné ses fruits. Les slogans politiques qui séparent le politique de l'économique pénalisent le pays. L'exemple du dialogue social est édifiant dans la mesure où il fallait trancher sur la question suivante : veut-on travailler dans un climat social pacifié, ce qui suppose inscrire le dialogue dans une logique de rentabilité et de productivité, ou s'abstenir à garder en mémoire les modèles des années d'antan où les intérêts du patronat et des salariés ne peuvent guère converger. Quels sont les moyens que vous mettez en place pour aboutir à ces objectifs ? Croire au potentiel humain acquiert à mon sens une importance capitale. La CGEM Meknès doit pouvoir fonctionner avec les cadres les plus compétents. Développer des synergies et des partenariats fait partie de ces prérogatives. Nous avons à ce sujet constaté, à notre grand honneur que l'administration est en position de demande en termes de partenariat. Il incombe au privé d'y répondre favorablement. Nous sommes à la veille des élections, qu'attendez-vous en particulier de la nouvelle formation gouvernementale ? Nous espérons beaucoup de choses du gouvernement qui sera élu. Sur le plan économique, nous souhaitons qu'il affiche une stratégie claire. Cela suppose d'abord qu'il ait une stratégie qui lui soit propre et qui soit en harmonie avec les besoins exprimés sur les échelles nationale et internationale. La question de la mise à niveau des entreprises et de leur préparation aux échéances de l'ouverture doit y prendre une grande part. Car c'est de la viabilité de notre tissu économique qu'il s'agit.