À Bagdad, on fait dans la surenchère en affirmant que l'Irak était «indifférent aux menaces» américaines. Les pays membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) sont opposés à toute attaque militaire américaine contre l'Irak, a déclaré Abdallah Ben Hamad Al-Attiya, secrétaire général du CCG et ministre qatari de l'Energie, de l'industrie et de l'électricité. Dans une déclaration à la presse à l'issue d'une réunion avec le ministre libanais des affaires étrangères, il a fait état de l'opposition des pays du Golfe à toute action militaire contre un pays arabe, arguant que la période était sensible et la situation très grave dans la région. «Nous sommes tous convenus que l'initiative de paix arabe (adoptée lors du sommet arabe de Beyrouth en mars dernier) constitue la référence pour des négociations visant à instaurer une paix globale et durable dans la région", a indiqué M. Al-Attiya. De son côté, M. Hosni Moubarak a affirmé le refus de tous les pays arabes d'une frappe américaine contre l'Irak qui aura des retombées imprévisibles sur les pays arabes. "Je ne pense pas qu'il existe un Etat arabe qui veuille une attaque contre l'Irak. Ni le Koweït, ni l'Arabie saoudite, ni aucun autre pays arabe ne souhaitent cela", a souligné m. Moubarak. Défendant le même principe, le prince Al Walid Ben Talal a déclaré à CNN que les Arabes «ne veulent pas avoir un autre Vietnam (et) ne peuvent se permettre un autre Vietnam». Le prince a aussi rejeté toutes les critiques formulées à l'encontre de l'Arabie saoudite qui s'oppose à toute action militaire américaine contre Saddam Hussein : «Cette position est la même que celle de la majorité des pays arabes et de presque le monde entier, et cela donne plus de chance à l'Irak de se conformer aux résolutions de l'ONU et non de l'attaquer», a ajouté Al Walid. «Je ne pense pas que nous ayons épuisé tous les efforts ou exploré toutes les possibilités pour amener Saddam Hussein à admettre la réalité et accepter l'application des résolutions de l'ONU», a-t-il ajouté. Ces prises de position interviennent au lendemain des déclarations du vice-président américain Dick Cheney, qui avait affirmé mardi que «le risque d'inaction est plus grand que celui de l'action», donnant ainsi une nouvelle pulsion à l'éventualité d'une attaque contre l'Irak. Dans le reste du monde, c'est la prudence qui prévaut, hormis en Grande-Bretagne : «Nous n'excluons pas la possibilité d'une action militaire et personne, de notre point de vue, ne devrait l'exclure», a affirmé le chef de la diplomatie britannique, Yack Straw. La France,quant à elle, soutient qu' «aucune action militaire ne puisse être conduit sans une décision du Conseil de Sécurité». Autre membre permanent du C.S., la Chine a réaffirmé son opposition au recours à la force tout en appelant Bagdad à mettre en œuvre les résolutions de l'ONU. «Le recours à la force ou la menace du recours à la force ne permettra pas de résoudre le problème, mais au contraire conduira à davantage de tensions et de troubles», a déclaré le chef de la diplomatie chinoise, Tang Jiaxuan. La position de la Russie est sensiblement identique puisque Moscou soutient qu'une éventuelle attaque américaine contre l'Irak devrait faire l'objet d'une décision du Conseil de Sécurité. À Bagdad, on fait dans la surenchère en affirmant que l'Irak était «indifférent aux menaces» américaines. Dans une déclaration faite en Syrie, le vice-président irakien Taha Yassine Ramadane s'est dit «rassuré» car le peuple irakien «est uni et l'opinion publique internationale rejette l'hégémonie et l'oppression américaine». Le président Bachar Al Assad, qui s'est longuement entretenu avec le vice-président irakien, a affirmé pour sa part à l'issue de cet entretien l'opposition de la Syrie aux menaces dirigées contre l'Irak».