Entretien. Le secrétaire général du Parti Socialiste Démocratique (PSD) passe en revue les différents aspects des élections législatives du 27 septembre. ALM : Quelle appréciation faites-vous des prochaines élections ? Et que dire quant à leur déroulement? Issa Ouardighi : Nous sommes à la veille d'échéances capitales, voire à un carrefour dans la transition démocratique. Pour ce qui est des garanties en matière d'élections transparentes, sincères et crédibles, nous avons fait des progrès considérables, même si on ne peut pas dire que nous sommes parés contre tous les dérapages. Pour cela, il faudrait que la société marocaine connaisse un saut qualitatif. La loi organique pour la prochaine Chambre des représentants offre des garanties en instituant le bulletin unique de vote pour restreindre la «marche de la pollution». Cela signifie-t-il que les anciennes pratiques sont révolues ? Aujourd'hui encore des festins sont organisés. Nous avons écouté les propos rassurants du ministre de l'Intérieur et l'autorité doit intervenir par le biais de mesures dissuasives pour empêcher que l'électeur soit soudoyé sous différentes formes. Nous avons demandé que les bulletins soient cachetés, numérotés et qu'il n'y ait pas d'enveloppe afin que l'électeur sorte les mains vides de l'isoloir. Je ne peux pas dire que cela sera appliqué partout, mais la tâche des candidats, qui comptent essentiellement sur l'argent, s'avère désormais plus difficile. Où en est le PSD dans ses préparatifs pour le rendez-vous du 27 septembre ? Nous sommes en train d'apporter les dernières retouches au programme que nos candidats vont défendre et auquel ils vont essayer de faire adhérer les électeurs. Jusqu'à aujourd'hui, nous avons bouclé une cinquantaine de candidatures (en ce qui concerne les têtes de listes), et nous sommes en discussion sur une quinzaine d'autres candidatures. Nous avons également adopté le principe de la candidature commune avec nos camarades du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS). Cela se fera dans une quinzaine de circonscriptions et concernera les membres du Bureau politique et les parlementaires sortants des deux partis. C'est dans ce cadre que Moulay Ismaïl Alaoui, le secrétaire général du PPS, se présentera à Sala Al Jadida et bénéficiera de l'appui de notre parti, tandis que moi-même, je me présenterai à Khémisset/Oulmès. Que dire du phénomène de la transhumance qui caractérise nos partis à l'approche des échéances électorales ? La transhumance, c'est la conséquence de la dépravation du champ politique marocain et ce, depuis des décennies. Ce phénomène peut revêtir plusieurs facettes. Celle qui nous intéresse, c'est celle concernant des cadres (ingénieurs, médecins…), qui étaient contraints de s'abriter derrière des partis qui ne traduisaient pas leur référentiel de valeurs. Ceux-là, on peut comprendre qu'ils aient changé de parti et opté pour celui qui correspond le mieux à leurs convictions… A côté de cela, il y a les transhumants permanents, mus uniquement par leur intérêt personnel. J'espère que le corps électoral va se débarrasser de cette gangrène qui a trop longtemps handicapé le développement économique, social et démocratique du pays. Vos pronostics concernant les prochaines élections... C'est un mode de scrutin mitigé, entre l'uninominal et le scrutin par liste. Peut-être va-t-il y avoir des surprises. Nous nourrissons l'espoir que le camp de la démocratie renforce ses positions au sein de la Chambre des représentants, afin que le processus de réformes enclenchées par le gouvernement de l'alternance se poursuive et s'approfondisse de sorte à garantir le succès de la transition démocratique pacifique. Nos ambitions sont à la fois réalistes, mais optimistes.