Le Parti du progrès et du socialisme n'a pas progressé aux élections législatives du 27 septembre. Il a obtenu 9 sièges comme en 1997, et espère les conforter par 2 élues au niveau de la liste nationale. Le point avec Moulay Ismaïl Alaoui, le Secrétaire général. ALM : Quelle appréciation faites-vous sur le score obtenu par le Parti ? Moulay Isamaïl Alaoui : Ce serait mentir de dire que l'on est satisfait. Nous nous attendions à beaucoup plus. Souvent pour quelques dizaines de voix, parfois de quelques centaines, nous avons raté bien des sièges. Mais nous sommes des militants et sommes habitués à l'adversité. Cependant, on ne la privilégie pas sur l'indispensable action politique et au dévouement à la cause patriotique et démocratique. La démocratie a deux grands ennemis : la misère et l'ignorance. C'est une école de tous les jours. Aujourd'hui, il faudra agir avec plus de punch sur les causes et l'impact de la pauvreté et de l'analphabétisme. Des chantiers qui restent encore ouverts. Mais cette action n'est pas suffisante pour que la démocratie fasse bien son chemin. Il faudra la conforter par un travail de proximité et de persévérance. Une autre leçon du scrutin : le peuple a opté pour la continuation de l'expérience de l'alternance. En dépit des amalgames et des fausses et mauvaises interprétations. Il faudra renforcer cet acquis et satisfaire les attentes des citoyens. Dans le domaine économique, la priorité doit être donnée au développement des forces productives par l'essor de l'investissement. Cela permettra d'atténuer sensiblement le chômage. Dans le discours du Trône, S.M. le Roi a insisté ces aspects et sur la nécessité de passer du petit au grand jihad. Le moment est venu pour s'occuper sérieusement de cette question primordiale aujourd'hui. Le gouvernement de l'alternance avait une mission politique majeure: mettre un terme à la dichotomie qui a prévalu pendant des décennies. Aujourd'hui, avec la confiance réitérée à l'équipe de l'alternance, une page est tournée. Il faudra désormais passer à des choses extrêmement sérieuses. Que pensez-vous du Parti de la justice et du développement et de sa poussée électorale ? C'est vrai, le PJD ne cesse d'attirer le regard des observateurs politiques. Il travaille dans un terreau favorable. Il faudra faire de sorte à ce qu'il ne soit plus la seule force «politique» qui occupe ce créneau. Nous avons, avec les autres partis politiques, une part de responsabilité dans ce développement. Les courants fidèles à la démocratie se doivent de réagir dans ce sens pour éviter d'éventuels dérapages. La vigilance de tous les démocrates est absolument impérative. Quels cas de figure pour l'architecture du prochain Exécutif? Y aura-t-il des réaménagements à faire ? Quelle meilleure hypothèse pour un gouvernement encore plus efficace ? Le choix d'aller de l'avant est irrévocable. On ne peut revenir en arrière. Bien des hypothèses sont ainsi exclues. La reconduction de l'alliance de l'alternative reste l'unique voie. Pour le moment. Il faudra tout simplement revoir le plan d'action gouvernemental, en faire un véritable moyen de mobilisation, d'enthousiasme et de concrétisation des grandes priorités. Il ne s'agit pas de faire quelques accommodations mais de revoir la démarche dans le fond. Des alliances sont possibles. Même si l'attitude du Mouvement national populaire reste inconnue pour le moment. La haraka est une nébuleuse qui fait une cinquantaine de sièges… Où, dès lors, trouver les 162 sièges nécessaires à la majorité ? Avec les sièges qui seront affectés par la liste nationale, les formations ayant participé au gouvernement d'alternance, hormis le MNP, pourront atteindre ce chiffre. Ils comptabilisent déjà plus de 150 sièges. On aura une meilleure visibilité lors de la formation des groupes parlementaires. Des élus de gauche pourront rejoindre ou soutenir le peloton et une majorité confortable pourra être dégagée. A propos de groupes parlementaires, le PPS aura-t-il un groupe à part ou avec le PSD ? C'est une question déjà tranchée. Il s'agit d'une alliance stratégique. Nous totalisons déjà 15 sièges, sans compter trois élues, peut-être, sur la liste nationale qui pourront conforter notre présence au Parlement. Avec le PSD, nous formons déjà un bloc solide et solidaire qui reste ouvert à des potentialités démocratiques et pourra ainsi être élargi. Que pensez-vous des nouveaux partis ? En démocrates, nous ne pouvons que leur souhaiter la bienvenue sur l'échiquier politique. Cela dit, je pense que nombreux parmi leurs élus sont de sensibilité proche de la gauche. D'où la possibilité pour pas mal de courants de se retrouver.