Les sondages donnent John Kerry vainqueur du troisième et dernier débat des présidentielles américaines face à George Bush. Mais le suspense demeure entier. Selon un sondage CNN -USA Today / Gallup, 52 % des personnes interrogées donne Kerry pour vainqueur contre 39 % en faveur de Bush. Tous les autres sondages donnent le sénateur démocrate pour vainqueur avec plus ou moins de points d'avance. John Kerry était sorti vainqueur du premier débat en Floride et le deuxième débat n'avait pas dégagé de net vainqueur. Mercredi soir, l'objet du débat des deux candidats à l'occupation du Bureau ovale était la politique intérieure. Fiscalité, emploi, assurance-maladie, sécurité intérieure ont été passés en revue lors du troisième et dernier face-à-face Kerry-Bush. Si le président actuel des Etats-Unis a focalisé sa critique sur le passé soi-disant gauchiste du sénateur du Massachusetts, ce dernier a mis en exergue l'hostilité de l'Administration actuelle envers les classes moyennes. Et c'est Bush qui a attaqué le premier en affirmant que son adversaire devrait nécessairement augmenter les impôts et les dépenses publiques pour financer ses ambitieuses promesses de campagne. Le sénateur du Massachusetts a rétorqué qu'il n'avait pas de leçons à recevoir d'un président qui a pris ses fonctions dans une situation des excédents de 5.600 milliards de dollars, devenue déficitaire quatre ans plus tard. Néanmoins, les observateurs s'accordent sur le fait que les deux candidats, qui étaient au coude à coude dans les sondages avant ce dernier face-à-face, organisé à l'université d'Arizona à Tempe, se sont toutefois montrés moins agressifs que lors des deux premiers débats. Certains sont allés même jusqu'à parler d'un «match-nul», arguant que les deux candidats craignaient surtout de perdre. Autrement dit, aucun des deux n'a voulu courir le risque de gagner. Même le troisième débat considéré par certains comme ayant tranché en faveur de Kerry, n'a pas pu les départager. Cette analyse puise son fondement dans le fait que les deux candidats ont été en permanence sur leurs gardes en répétant les arguments déjà développés durant leurs deux premières confrontations télévisées et à longueur de meetings électoraux. Le staff de campagne de Kerry comptait beaucoup sur ce dernier débat, centré sur la politique intérieure, pour creuser enfin l'écart. Emploi, économie, santé et environnement, thèmes de prédilection du camp démocrate, avaient jusqu'ici été largement éclipsés par les dossiers internationaux. Bush, qui a multiplié les attaques contre le passé de Kerry au Sénat, a expliqué qu'il s'était prononcé 98 fois en faveur des hausses d'impôts et 277 fois pour des dépassements budgétaires. Il n'en demeure pas moins, de l'avis des spécialistes et autres éditorialistes, que ni l'un ni l'autre des deux rivaux n'est sorti du carcan pour tenter de désarçonner son rival. En fin de compte, et à l'issue de trois débats télévisés, force est de reconnaître que le prétendant démocrate, en meilleur débatteur, l'a emporté aux points. Mais sans pour autant assommer le président sortant. Cependant, et en parallèle à ce débat, une autre chamaillerie risque de défrayer la chronique dans les jours qui viennent. Le camp démocrate a accusé mercredi un mouvement républicain de fraudes dans la constitution des listes électorales du Nevada et de l'Oregon, deux Etats de l'Ouest des Etats-Unis. L'accusation tombe à trois semaines des élections présidentielle, alors que les autorités chargées d'établir ces listes signalent une nette augmentation des inscriptions à l'approche de la date limite. Outre le Nevada et l'Oregon, des soupçons identiques ont été exprimés dans l'Arizona, en Pennsylvanie, dans le Maine et dans le Missouri. Les autorités de l'Oregon ont annoncé l'ouverture d'une enquête après la diffusion, sur une chaîne locale, d'un reportage dans lequel un agent de recensement explique avoir reçu pour consigne de n'accepter que les formulaires d'inscription des militants républicains. A un peu plus de deux semaines du scrutin du 2 novembre, une seule chose est sûre : le suspense.