A cinq semaines du scrutin, John Kerry et George W. Bush reprennent leur campagne sur le terrain avant de s'isoler pour préparer leur duel télévisé prévu jeudi. Le ton de la campagne présidentielle aux Etats-Unis devient de plus en plus grincheux au fur et à mesure que le jour ”J” approche. Les deux candidats continuent de parler, chacun de son côté et à sa manière, de ce qui est devenu l'objet de leur affrontement : la guerre en Irak. Bush n'arrête pas d'accuser Kerry d'inconstant sur ce sujet, alors que le candidat démocrate a reproché à Bush de travestir la réalité. Il accuse le camp Bush de multiplier les spots télévisés négatifs pour jouer sur la peur. «Nous avons un président qui, quel que soit le sujet, quels que soient les choix à sa disposition, n'est pas franc avec le peuple américain. Même aujourd'hui, George Bush n'est pas franc avec nous sur l'Irak», a lancé Kerry lors d'une réunion électorale à Spring Green, dans le Wisconsin, près du lieu où il s'est retiré pour préparer le débat de jeudi. Le candidat démocrate traduit ces constats comme étant «une stratégie de la peur». «Ils veulent vous faire peur sur les terroristes, vous faire peur des guerre, vous faire peur sur la couverture médicale, vous faire peur sur tout le reste. Vous savez pourquoi ? Parce qu'il n'a aucun bilan à défendre.», a-t-il dit. Et d'enchaîner que «les Américains ont besoin d'une réelle conversation sur notre avenir», soulignant que les gens n'aiment pas tous ces spots truqués, qui hérissent les gens et les font se détourner de la politique. La guerre des spots télévisés électoraux est plus intense que jamais, particulièrement dans une quinzaine d'Etats qualifiés d'indécis. Bush, de son côté, a quitté son ranch du Texas pour se rendre en car dans l'Ohio, un Etat particulièrement disputé. Une nouvelle fois, le président sortant s'est attaqué à son rival, expliquant qu'il a perdu toute crédibilité en changeant plusieurs fois d'avis sur l'Irak et ne peut donc pas prétendre au poste de commandant en chef des forces américaines. «Plus tard cette semaine, je vais avoir l'opportunité d'avoir un débat avec mon adversaire. C'est un peu difficile à préparer, car il change tout le temps d'avis sur le sujet de la guerre contre le terrorisme», a ironisé Bush à Springfield dans l'Ohio. «Il a voté en faveur de l'usage de la force en Irak et ensuite il n'a pas voté le financement pour les soldats», a-t-il ajouté devant ses partisans réunis à Springfield. «Il s'est plaint du fait que nous ne dépensions pas suffisamment d'argent pour aider à la reconstruction en Irak et maintenant, il dit qu'on dépense trop. Il a dit que faire la guerre en Irak était la bonne décision et maintenant, il la qualifie de mauvaise guerre. Il pourrait probablement débattre avec lui-même pendant 90 minutes», a clamé Bush sur le même ton ironique. Kerry n'a pas attendu pour répliquer dans un communiqué en affirmant que « le peuple américain n'attend pas de blagues ni d'histoires imaginaires de la part du président, il attend qu'on lui dise la vérité». Concernant l'Irak, le candidat démocrate a affirmé qu'il avait certes été d'accord pour que l'ex-président Saddam Hussein rende des comptes, mais qu'il fallait le faire comme il faut. «J'ai montré ce qu'il fallait faire étape par étape, alors le président a choisi la mauvaise façon» a-t-il ajouté. Deux semaines constitueront la période décisive de la campagne électorale américaine, durant laquelle les prétendants à l'occupation du bureau ovale vont s'affronter lors de trois débats télévisés. Une rencontre est aussi prévue entre les candidats à la vice-présidence. Des dizaines de millions de téléspectateurs sont attendus devant leur petit écran pour suivre jeudi à partir de 21H00 (01H00 GMT vendredi) en direct de l'Université de Miami (Floride), les 90 minutes du premier des trois débats prévus jusqu'au 13 octobre. Cependant, à cinq semaines du scrutin, le président sortant républicain réduit son avance sur son adversaire démocrate, par rapport à un sondage précédent datant de dix jours, mais reste confortablement en tête avec 8 points de plus que John Kerry, dans les intentions de vote des électeurs bien décidés à se rendre aux urnes. Selon le sondage USA Today/CNN/Gallup, Bush recueille 52% des voix contre 44% pour le sénateur du Massachussetts. Une autre étude pour ABC News et le Washington Post, rendue publique lundi, fait également état d'un resserrement entre les deux candidats. Ce sondage donne six points d'avance à Bush sur Kerry parmi les électeurs probables (51% contre 45 %). Mais c'est le débat de jeudi qui va mettre les choses au clair aux yeux des électeurs américains.