Selon des sources policières, le mobile du double infanticide de Rabat ne serait pas l'adultère. Avant de se donner à la suite de son acte horrible, Hicham aurait, en effet, laissé trois lettres et deux cassettes qui abondent dans ce sens. Les spéculations continuent d'aller bon train. Quel serait le vrai mobile du double infanticide, suivi d'un suicide perpétré, lundi 4 octobre dernier, à Rabat ? La police judiciaire de Rabat enquête toujours sur cette affaire pour répondre à cette interrogation. Bien que Hicham, l'auteur de ce crime, ait laissé derrière lui trois lettres écrites en langue arabe et deux cassettes audio, précise une source judiciaire, les enquêteurs ne sont pas encore arrivés à déterminer le véritable mobile qui serait derrière cet acte horrible. La raison est que ni les trois lettres ni les cassettes audio ne comportent des informations pouvant aiguiller les enquêteurs sur les causes qui peuvent justifier cet acte qui dépasse l'imagination, explique la même source. Le contenu des trois manuscrits a d'abord été lu par Samia Salmane, épouse de Hicham. Lorsqu'elle a découvert, en ce lundi 4 octobre, ses deux enfants, Mohamed et Nouria, âgés respectivement de huit et sept ans, égorgés, elle a mis la main sur trois papiers que son mari avait laissés avant de passer à l'acte. Selon des sources policières, Hicham a écrit dans une première lettre qu'il aimait ses deux enfants et qu'il tenait à ce qu'ils vivent très heureux sans le moindre besoin. Dans une deuxième lettre, il a signalé que sa femme se consacre trop à son travail, qu'elle travaille avec abnégation et sans relâche et que le patron et les collègues l'aident sans cesse et lui préparent les conditions nécessaires pour s'améliorer dans son métier. Dans la troisième lettre, toujours selon la même source, Hicham a précisé qu'il souhaitait prendre les choses en main et qu'il désirait gérer l'orfèvrerie ou il travaille. Seulement sa femme et son patron s'opposaient à ses ambitions. Les mêmes sources précisent que, dans ses trois lettres, Hicham n'a à aucun moment mentionné qu'il avait des soupçons sur la fidélité de sa femme, encore moins que celle-ci avait une relation extraconjugale avec son patron, Patrick Azuelos. De même, il n'aurait pas affirmé que ses enfants ne sont pas les siens, ajoutent les mêmes sources. D'abord, elle a eu ses deux enfants, Mohamed et Nouria, respectivement en 1996 et 1997, lorsqu'ils étaient encore à Casablanca et avant que Hicham n'ait eu l'intention de regagner Rabat et rejoindre l'atelier de Patrick Azuelos. Comment conçoit-on qu'une femme puisse avoir des enfants avec une personne qu'elle ne connaissait pas et chez laquelle, elle n'a commencé à travailler qu'après 1999 ?, s'interroge la même source. Par ailleurs, Hicham n'a pas signalé dans les deux cassettes audio, dont l'une est destinée à la police et l'autre à sa famille, qu'il soupçonnait son lien de parenté avec ses deux enfants ou qu'il incriminait sa femme de quoi que se soit. Certes, ajoutent les mêmes sources, il lui a reproché son acharnement à l'indépendance matérielle. Chose qu'elle rejette en bloc, puisqu'elle affirme qu'elle n'a jamais touché ses revenus. Samia n'aurait jamais gardé le moindre sou pour elle-même et lui aurait toujours versé son revenu mensuel. C'est Hicham qui lui donnait de quoi prendre un taxi, depuis qu'il a cessé de l'accompagner en voiture, et ce afin de conduire ses deux enfants à leurs écoles respectives. Dans les mêmes cassettes, Hicham a avancé que son acte criminel est le résultat de son angoisse sans fin, son désespoir et une malheureuse vie conjugale, précisent les mêmes sources. “C'est lui qui a rendu cette vie conjugale très malheureuse“, précise sa femme, Samia. Malgré sa violence contre elle, elle a tenté, en patientant, de l'aider à tourner le dos à ses hantises, explique-t-elle. Mais en vain. Par ailleurs, des sources policières ont précisé que la police judiciaire de Rabat a convoqué, jeudi dernier, plusieurs ouvriers qui travaillent à l'orfèvrerie en question. Ces derniers ont attesté que Hicham était une personne brutale qui violentait sa femme devant eux et qui lui prenait tout son salaire mensuel. L'enquête est toujours en cours. En attendant, la police judiciaire a rejeté déjà la thèse faisant état que le mobile du crime est l'adultère.