La Russie a reconnu mardi que l'hélicoptère militaire russe MI-26 qui s'était écrasé la veille dans un champ de mines de Tchétchénie, entraînant la mort de plus d'une centaine de soldats, avait été abattu par un missile. Un lance-missile abandonné a été retrouvé sur le site de la catastrophe, confirmant la thèse de l'attaque menée par des rebelles séparatistes tchétchènes, qui avaient revendiqué lundi ce «haut fait d'armes», a rapporté mardi l'agence Interfax de source militaire. L'agence précise que «les enquêteurs ont retrouvé l'arme du crime, qui est un système de roquettes «Strela», dit-on de source proche du commandement des forces russes du Nord-Caucase. Interfax ajoute que des témoins ont vu un inconnu tirer la roquette, de fabrication russe, depuis le deuxième étage d'un bâtiment en ruine, à proximité du lieu d'impact. D'autres auraient également aperçu la traînée de fumée caractéristique d'un lance-missile portable «Strela». «Avec l'aide d'un missile sol-air Zenit, un hélicoptère de transport russe MI-26 a été abattu», avaient annoncé peu après les séparatistes sur leur site internet. L'énorme appareil, qui transportait plus de 130 soldats, a explosé dans une gerbe de flammes en s'écrasant dans un champ de mines à quelques centaines de mètres de la base de Khankala où il devait atterrir, près de Grozny, la capitale. L'hélicoptère MI-26, long de 40 mètres, est l'un des plus grands au monde. Il est cependant prévu pour transporter un maximum de 82 passagers, a-t-on indiqué de source proche des forces russes en Tchétchénie, ce qui signifie qu'il volait en surcharge. Plus grave catastrophe militaire aérienne russe, il s'agit également de la plus grande perte militaire enregistrée par les Russes lors d'une attaque en Tchétchénie depuis le début de la guerre. En février 2000, 84 soldats d'élites russes avaient été tués lors d'une offensive de la guérilla dans les montagnes du sud de la province. Sergueï Ivanov, le ministre russe de la Défense, un proche du président Vladimir Poutine, est arrivé mardi en Tchétchénie, au lendemain de l'annonce par le Kremlin de la mise en place d'une commission d'enquête officielle sur la tragédie. L'opération de sauvetage, rendue périlleuse par le terrain même où l'engin s'est écrasé, a permis d'évacuer vers un hôpital de la région les survivants, parmi lesquels figurent les cinq membres d'équipage. Le bilan officiel de l'accident n'a toujours pas été communiqué. «La liste des passagers était composée de 156 noms, en comptant l'équipage. Nous pensons qu'il n'y a plus personne de vivant sur le site où le MI-26 s'est écrasé», a déclaré à Interfax un militaire souhaitant garder l'anonymat. «Nous pouvons maintenant dire qu'en raison de cette catastrophe, plus de 100 hommes sont morts», a déclaré un responsable russe, Roudnik Doudaïev, cité par l'agence Interfax. «Trente-neuf personnes ont été blessées et sont soignées à l'hôpital». Un autre responsable a évalué le nombre possible de morts à 120. Malgré une occupation militaire massive depuis octobre 1999, la Russie rencontre de nombreuses difficultés pour maîtriser la rébellion des séparatistes tchétchènes. les affrontements se multiplient pendant la période estivale car la guérilla met a profit la couverture que lui fournit la végétation.