Michael Lynton, directeur général d'AOL Europe, est prêt à le parier: on peut relancer la demande fléchissante en services internet grâce à des connexions classiques, mais à bas prix. Au moment où ses concurrents les plus sérieux - Wanadoo et T-Online - investissent à grands frais dans l'accès à haut débit, la filiale européenne d'AOL Time Warner lance ce lundi un nouveau service de connexion illimitée classique (par modem) en France. "Je pense qu'il y a encore un fort potentiel de croissance dans l'accès (à internet) en débit normal", a expliqué Lynton à Reuters au cours d'un entretien. Pour AOL, dont les activités aux Etats-Unis montrent des signes de ralentissement, une réussite européenne est cruciale. Analystes et observateurs s'accordent d'ailleurs à penser que, faute de résultats probants et rapides, Lynton sera remercié. Le premier fournisseur d'accès à internet au monde, avec 35 millions d'abonnés, a été frappé de plein fouet par la baisse des recettes publicitaires combinée au ralentissement des abonnements et à l'ouverture de plusieurs enquêtes sur ses pratiques comptables aux Etats-Unis. Sa filiale européenne ne se porte pas beaucoup mieux. AOL Europe a accusé une perte de 629 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 905 millions l'année dernière. En janvier, affichant des ambitions surprenantes vu l'état du marché, la société assurait qu'elle réduirait ses pertes de moitié en 2002 et atteindrait le milliard de dollars de chiffre d'affaires. "Nous sommes très bien partis pour dépasser le milliard de dollars de chiffre d'affaires et réduire de moitié les pertes", a confirmé Lynton, président d'AOL Time Warner International, chargé des filiales européennes, asiatiques et latino-américaines du groupe. Pour cela, il faudra à AOL Europe un deuxième semestre particulièrement brillant. Au cours du dernier trimestre, le fournisseur d'accès n'a enregistré que 78.000 abonnés supplémentaires. La même période en 2001 avait vu 378.000 nouveaux clients s'abonner aux services d'AOL Europe. Lynton a donc confirmé que la filiale européenne atteindrait ses objectifs annuels grâce à une forte croissance de ses abonnés, entre autres grâce au nouveau service français. Les réductions de coûts résultent principalement de la négociation de meilleurs accords d'accès aux réseaux des opérateurs télécoms, a-t-il précisé.