La salafia jahidia n'épargne même pas les autres courants de l'Islam. A coups d'anathèmes, elle excommunie même les obédiences mystiques. Bidaâ (innovation), chirk (polythéisme), wadatou al woujoud (panthéisme), etc. Autant de récriminations qui fusent de partout. Dans tous les sens. Bref rappel didactique. Certes, aucune religion n'est immunisée contre le fanatisme. Chacune a ses extrémistes. C'est bien le protestantisme qui a donné naissance au fondamentalisme et à l'intégrisme chrétiens. Notamment aux Etats-Unis d'Amérique. L'Islam a aussi ses enfants terribles, fruits d'accumulations et de frustrations perpétuellement développées mais sans que des réponses efficaces ne soient apportées. Le débat, quand il existe, n'est qu'entre leaders de sectes et de mouvances qui se disputent la sympathie et l'engagement des masses musulmanes, quand ils ne s'unissent pas pour jeter l'anathème sur tout ce qui dérange leurs certitudes, dévoile leurs desseins politiques. Des «Frères Musulmans» aux «Ahbaches», en passant par le «Tabligh» et les «Salafites», en dépit des divergences dogmatiques, lancent des défis idéologiques à la société dans son ensemble. Les pays où des partis islamistes sont arrivés au pouvoir n'ont pas de bilans reluisants, quand ce n'est pas la guerre civile qui s'instaure. Les multiples bifurcations progressives (chaque individu peut présenter une tendance !) de la mouvance des frères musulmans a détourné l'attention sur la mouvance la plus dangereuse des courants islamistes. Surtout qu'elle préconise un islam rigoriste, se situe intrinsèquement vouée à tous les abus et excès. C'est le cas des salafistes jihadistes, contrairement aux salafistes mystiques qui ne font pas de politique et obéissent surtout aux fetwas des imams saoudiens. Les tenants du salafisme pur et dur s'opposent aux écoles traditionnelles du droit musulman (Hanafite, malékite, chafiîte et hanbalite) et prônent le retour au Coran et à la sunna. Par la force et la violence. Ils combattent tous les autres courants de l'Islam, plus particulièrement sa mouvance modérée. Ils récusent le fait d'être des wahhabites. Ils ne renient pas le legs du père fondateur cheikh Mohamed Ibn Abdellouahab (de la famille Al saoud), qui a vécu au XVIII ème siècle. Leur référence contemporaine n'est autre que le cheikh Mustapha Kamal, un imam égyptien exilé en Grande Bretagne.