Un autre phénomène de société. Certains écoliers, issus des familles défavorisées dans la campagne et les quartiers populaires, ne partent pas en vacances. Ils sont contraints d'exercer des petits métiers précaires. Après neuf mois d'étude, du réveil à l'heure et des problèmes relatifs au transport scolaire dans les différentes villes du Royaume, les élèves partent en villégiatures. Cette période de vacances leur permet de se reposer, de rompre avec l'atmosphère de la routine de toute une année de dur labeur, de voyager, etc. Mais cette formule ne s'applique pas à tous les élèves. En effet, certains partent en colonies de vacances et bénéficient des programmes d'animation éducative leur permettant d'acquérir de nouvelles expériences par l'intermédiaire de la découverte de la nature, de l'observation et de vie en groupe, tandis que les autres se trouvent contraints de rester chez eux, en exerçant d'autres activités en vue de gagner une petite somme d'argent pour pouvoir acheter les fournitures scolaires et les habits nécessaires lors de la rentrée scolaire. Les uns et les autres se rencontrent aux bancs des écoles pour reprendre leurs études. Le phénomène des élèves, qui exercent des métiers précaires, n'épargne aucune ville du Royaume. Il prend de plus en plus de l'ampleur. Dans les parages des gares routières, sur les plages, les principaux boulevards des grandes villes et les souks dans la campagne, ces élèves issus des familles défavorisées, notamment dans les quartiers périphériques et populaires, se transforment en véritables marchands ambulants. Avec des habits déchirés et complètement maculés, on les rencontre dans ces espaces pendant toute la journée. Ils procèdent à la vente des cigarettes au détail ou des légumes et fruits sur les étals. «Chaque année, je me trouve obligé de vendre les cigarettes au détail et d'aider les courtiers à la gare routière. Cette activité me permet de gagner une somme d'argent pour pouvoir acquérir mes fournitures scolaires et mes habits pour la rentrée. Mes parents n'ont pas les moyens pour s'en charger. Je travaille même pendant les autres vacances, de dix jours », déclare Ahmed, 13 ans, élève en septième année de l'enseignement fondamental, précisant qu'il n'a jamais voyagé hors de sa ville, Ben Guérir. Toutes ses vacances sont investies dans le travail. Les cas comme Ahmed sont légion dans les différentes villes du Royaume. Ils n'ont plus le choix. Pour pouvoir poursuivre leurs études comme les autres, ils sont obligés de travailler pendant toute la période des vacances. On imagine, à la rentrée, leur état psychique, lorsque leurs amis racontent les aventures et les découvertes lors des voyages en compagnie de leurs parents ou dans les colonies de vacances. Cet état de choses aura certainement des répercussions négatives sur le déroulement de leurs études tout au long de l'année scolaire. En plus, le fait qu'ils passent plus d'un mois, loin de l'univers de l'école, de l'atmosphère de la famille, plus près des malfaiteurs et des sans domicile fixe, les expose à plusieurs risques. A qui incombe la faute, si demain ils abandonneront l'école et deviendront des malfrats ou des SDF ?