Des étudiants et des élèves ne partent pas en vacances. Ils sont contraints d'exercer des métiers précaires pendant cette période en vue d'assurer leur rentrée scolaire. Les uns partent en vacances, les autres se trouvent contraints d'exercer certains métiers précaires. Les uns et les autres sont des étudiants et des élèves qui se rencontrent aux bancs des écoles lors de la rentrée scolaire pour reprendre leurs études. Après neuf mois d'étude, du réveil à l'heure et des problèmes relatifs au transport scolaire dans les différentes villes du Royaume, la première catégorie part en villégiature. Alors que l'autre catégorie est obligée de travailler dans des conditions parfois difficiles en vue de gagner une somme d'argent, modeste soit-elle, lui permettant d'acquérir les fournitures scolaires et autres effets nécessaires lors de la rentrée scolaire. Le phénomène n'épargne pratiquement aucune ville du Royaume. Il prend de plus en plus de l'ampleur. Dans les parages des gares routières, sur les plages, les principaux boulevards des grandes villes et les souks dans la campagne, ces élèves et étudiants issus des familles défavorisées, notamment dans les quartiers périphériques et populaires, se transforment en véritables marchands ambulants. On les rencontre dans ces espaces pendant toute la journée. Ils procèdent à la vente de cigarettes au détail ou des légumes et fruits sur les étals. « Chaque année, lors des vacances de l'été, je me trouve contraint de vendre des cigarettes au détail. Cette activité me permet de gagner un peu d'argent pour acquérir les vêtements nécessaires et les fournitures scolaires pour moi et ma petite sœur. Ma mère n'a pas suffisamment les moyens pour satisfaire nos besoins», affirme Ahmed, 15 ans, élève en neuvième année de l'enseignement fondamental. Au rond-point Mers Sultan, à Casablanca, il s'installe dès la matinée, en dépit des pressions, parfois des menaces, de la part des vendeurs professionnels de cigarettes au détail, qui monopolisent le secteur. Les cas comme Ahmed sont légion dans les différentes villes du Royaume. Toutes leurs vacances sont investies dans le travail. Ils n'ont plus le choix, leurs parcours scolaires en dépend. Pour pouvoir poursuivre leurs études, ils sont obligés de travailler pendant toute la période des vacances. On imagine, à la rentrée, leur état psychique, lorsque leurs amis racontent les aventures et les découvertes lors des voyages en compagnie de leurs parents ou dans les colonies de vacances. Cet état de choses aura certainement des répercussions négatives sur le déroulement de leurs études tout au long de l'année scolaire. En plus, le fait qu'ils passent plus d'un mois, loin de l'univers de l'école, de l'atmosphère de la famille, plus près des malfaiteurs et des sans domicile fixe (SDF), les expose à plusieurs risques. Certains attendent les vacances pour partir en voyage, ou en colonies de vacances et bénéficient des programmes d'animation éducative leur permettant d'acquérir de nouvelles expériences par l'intermédiaire de la découverte de la nature, de l'observation et de vie en groupe, tandis que les autres se trouvent contraints de travailler pour assurer la prochaine rentrée. Quel paradoxe.