L'alternance va être ponctuée, dans un peu plus d'un mois, par des élections qui se démarquent complètement de leurs précédentes. D'abord par les garanties de transparence et de neutralité administrative définies en termes juridiques et non pas émises en paroles de bonnes intentions. L'alternance va être ponctuée, dans un peu plus d'un mois, par des élections qui se démarquent complètement de leurs précédentes. D'abord par les garanties de transparence et de neutralité administrative définies en termes juridiques et non pas émises en paroles de bonnes intentions. Ensuite, et c'est le plus important, le changement du mode de scrutin constitue un barrage infranchissable pour toute tentative de falsification ou de corruption. À tel point que la passation du scrutin uninominale à celui de liste a bouleversé toute la donne politique et surtout partisane de l'échiquier national. S'il faut sérier l'une des principales vertus de ce mode de scrutin, c'est qu'elle a mis à nu la fragilité structurelle des partis politiques, depuis les plus enracinés dans l'histoire jusqu'aux nouveaux venus. Depuis l'adoption de ce procédé électoral, les sièges des partis politiques ainsi que ceux de leurs sections régionales connaissent un branle –bas de combat indescriptible. La culture politique des militants de base s'est avérée très limitée quand on sait que la plupart d'entre eux ignoraient tout sur le mode de scrutin par liste. Non seulement les partis politiques souffrent d'une carence dans l'encadrement de leurs militants, mais il se trouve que leurs directions manquent de compétences pour s'acquitter convenablement de cette mission. Il en est résulté des confusions et des convulsions qui ont ébranlé plusieurs sections de partis, voire des pans importants au sein des directions centrales. De bousculade en bagarre puis à la scission et à la transhumance, il n'y a qu'un pas que beaucoup de militants ont franchi. Dans tous les cas, la course effrénée et infernale à la candidature a dévoilé une autre vérité longtemps voilée par la rhétorique triomphatrice et unificatrice des dirigeants de partis. Le fossé entre ces derniers et leurs bases est trop profond pour que la seule démagogie puisse le sauter et imposer son dictat. Fini le temps où le Zaïm donnait son accréditation à un candidat sans l'aval des militants de base pour que ces derniers l'acceptent sans coup férir. Le parachutage d'un candidat étranger à la région et la transhumance sont de plus en plus rejetés par les sections locales. La notion du Zaïm, pourtant très ancrée au sein du parti de l'Istiqlal, a été gommée d'un trait quand Abbas El Fassi a atterri sans prévenir à Larache pour s'y porter candidat à la députation. L'atterrissage fut on ne plus catastrophique puisque la majorité des militants ont rejeté cette «intrusion», y compris un membre du comité central qui a démissionné de son poste. Quand un leader d'un parti aussi prestigieux que le PI est accueilli de cette manière par ses disciples, c'est que le dysfonctionnement bat son plein du sommet à la base des partis. Ce mal politique s'est propagé à tous les partis, y compris l'USFP qui a du mal à contenir la colère de ses militants. C'est dire que le mode de scrutin par liste a mis en évidence la maladie de nos partis politiques bien avant la date de l'échéance électorale. Leur restructuration est plus que jamais à l'ordre du jour aussi bien en vision politique, en organisation interne qu'en choix des compétences. Pour l'heure, le seul gagnant de ce mode de scrutin reste le peuple qui sera maître de son destin en usant de toute sa souveraineté dans l'isoloir.