Posé, le président du parti des Forces citoyennes, Abderrahim Lahjouji, fait un bilan nuancé de l'alternance. Il dit ne pas avoir de craintes quant à la transparence des prochaines élections. Entretien. Aujourd'hui Le Maroc : comment votre parti compte-t-il préparer les prochaines échéances devant se dérouler avec un nouveau code électoral ? Abderrahim Lahjouji : Nous sommes certes un parti jeune. La création de Forces citoyennes remonte à à peine un an. Nous estimons que nous apportons quelque chose de nouveau à la scène politique, avec un programme libéral adapté à la réalité du pays et aux ambitions des Marocains. Le nouveau code électoral qui adopte un scrutin de liste à la proportionnelle est à même de donner un nouveau souffle à la vie politique en éliminant, si j'ose dire, toutes les pratiques malsaines qui ont faussé jusqu'à aujourd'hui le jeu démocratique dans notre pays. Vous pensez que le nouveau code mette un terme aux achats des voix et aux diverses manipulations ? Nous avons toutes les garanties pour y croire sincèrement. Il y a d'abord une volonté royale affichée depuis l'intronisation de SM le Roi Mohammed VI de faire des prochaines échéances électorales un pas décisif dans la consolidation de la démocratie et la mise en place d'une carte politique digne du Maroc et de ses aspirations. Il y a aussi l'engagement du gouvernement à ce que les élections prochaines soient exemplaires en matière de transparence. Cet engagement est renforcé par l'attitude de toutes les composantes de la classe politique. On n'a aucune raison d'en douter pour le moment. Et puis, il ne faut pas oublier que l'électeur de 2002 n'est pas celui de 1996 ou 1977… il y a une prise de conscience collective qui pousse à mettre un terme aux pratiques anciennes. Espérons que cela se concrétisera le jour J. En tant que FC, où vous situez-vous ? quelles type d'alliance FC peut-il avoir ? Nous prônons un libéralisme solidaire, qui adapte les meilleures recettes universelles du libéralisme au contexte marocain. Un libéralisme qui tout en encourageant l'initiative privée, ne sacrifie pas pour autant les intérêts des travailleurs. Notre discours est un discours de franchise qui veut réhabiliter le politique aux yeux des citoyens et des électeurs. Nous sommes proches de toute autre formation politique qui partage avec nous ces valeurs et thèmes majeurs de l'action politique. Quant aux alliances, ce n'est pas encore le moment d'en parler… Mais est-ce que FC est assez structuré pour mener à bien une véritable campagne électorale ? Nous croyons fermement en notre projet de société tel que défini dans notre plate-forme. Notre discours est cohérent. Les structures du parti sont mises en place. FC est structuré par fédérations régionales. Nous avons tenu les congrès constitutifs de quinze fédérations régionales sur les seize régions que compte le pays. Très prochainement, nous aurons notre seizième fédération et l'ensemble des cadres et des membres de notre parti oeuvrent avec sérieux parce qu'il s'agit d'une question de foi. Les préparations pour les élections se déroulent de façon normale, dans la transparence et le respect des règles du parti. Donc le choix des candidats se fait au niveau des fédérations ? Bien sûr. Chaque fédération doit nous proposer sa liste de candidats, après avoir procédé au études et analyses nécessaires. Elle établira une notice pour chaque candidat. Le bureau national du parti statuera sur l'ensemble des listes proposées par les fédérations. Mardi, dans la matinée, le ministre de l'Economie a fait le bilan de son département. Quel bilan faites vous pour l'action du gouvernement de l'alternance dont le mandat expire dans deux mois pratiquement ? Il y deux volets distincts. Le premier est politique, le second économique. Concernant ce deuxième volet, justement, le bilan est malheureusement faible, voire décevant. On attendait des réformes fiscales, on n'a rien eu. On attendait la sortie du fameux code du travail, on ne l'a pas eu non plus. La réforme administrative, non plus. Et là je dis que la réforme administrative ce n'est pas seukement la révision du statut des fonctionnaires. C'est la réhabilitation de l'administration aux yeux des administrés. C'est rendre l'administration un facteur de développement et non un frein aux initiatives. On aurait aimé que le gouvernement aille de l'avant dans ce chantier-là, ce n'est malheureusement pas le cas… Vous ne voyez pas que vous êtes entrain de charger le gouvernement alors qu'il avait un lourd passif à apurer… Il faut en finir avec cette notion de passif lourd ou non. Chaque cabinet vient pour gérer entre autres un certain passif. Le problème pour le gouvernement c'est qu'il a manqué d'audace et de compétences dans la gestion des affaires économiques. En plus de l'aspect hétéroclite du cabinet Youssoufi. Par contre, sur le plan politique, l'action du gouvernement est à saluer. Une action qui permet au Maroc aujourd'hui d'avoir intégré dans ses mœurs cette notion d'alternance. Cela a permis aussi à tout le monde de voir que les institutions marocaines fonctionnent normalement. On est installé maintenant dans une nouvelle donne positive, bien entendu.. Mais il y en a qui se sont attaqué au gouvernement pour sa gestion de la crise avec l'Espagne autour de l'îlot Leïla… J'estime que l'affaire Leïla a été bien menée. Et elle a permis au Maroc de poser les vrais problèmes qu'il a avec l'Espagne, ceux justement des villes et îles occupés. A la faveur de cette crise, et plus que par le passé, le parachèvement de l'intégrité territoriale marocaine est d'actualité…