La mouvance obscurantiste de la Salafia Jihadia au Maroc est un ennemi déclaré de la démocratie, de la tolérance et de la différence. La famille et les amis de Abdelaziz Assadi sont en émoi. Ce clerc de notaire disparaissait subitement le 11 septembre 2001 dans des circonstances mystérieuses. Sans dire adieu, ni laisser d'adresse. La femme et les proches de ce Casablancais, promu à un bel avenir dans le notariat et qui dégageait une joie de vivre irradiante, ont été stupéfaits par cette affaire. Faire des fugues ne ressemblait pas à Aziz, lui, qui croquait la vie à pleines dents. Or, Abdelaziz Assadi, né en 1971, n'a pas levé les voiles volontairement. Il ne donnera plus signe de vie jusqu'à ce que les services de sécurité, qui n'ont jamais abandonné les recherches, fassent la découverte macabre le 29 juillet dernier : les restes du cadavre de Aziz au fond d'un puis à Ahl Laghlam dans la préfecture Bernoussi-Zenata. La victime fut enlevée brutalement puis assassinée froidement par des membres de la Salafia Jihadia à Casablanca. Les assassins, arrêtés, ont avoué leur forfait abject. On ne connaîtra peut-être jamais le mobile exact de ce meurtre . Mais une chose est sûre : ces sanguinaires, se croyant investis de l'on ne sait quelle mission, ont décidé d'éliminer physiquement leurs semblables au nom d'une interprétation obscurantiste et rigoriste de l'islam. Une femme non voilée, un couple qui se promène dans la rue… En somme, tous les gens paisibles et ordinaires peuvent être la cible de ces justiciers d'un nouveau genre, tapis dans l'ombre tels des bêtes sauvages programmées pour tuer. Vivant en marge de la société, ces sicaires qui ont en commun d'être incultes donc facilement manipulables, obéissent au doigt et à l'œil de leurs chefs qui produisent des fatwas à tout bout de champ. Les adeptes de ces mouvements de la mort, qui se réclament de Ben Laden et de ses méthodes violentes, ont assassiné jusqu'ici trois ou quatre individus dont le gardien de la paix Saïd Roussaïne. Et non pas 150 personnes comme nous l'avions écrit pas erreur. Les membres de cette nébuleuse haineuse, qui ont commis une centaine d'agressions, ont surtout terrorisé et attaqué d'honnêtes citoyens dans les périphéries de certaines villes, notamment Fès. La condamnation il y a quelques mois de Abou Hafs, chef de ce groupuscule extrémiste dans la cité spirituelle, était largement justifié. Ce personnage, qui vient d'être relâché récemment suite à une grâce royale, incitait ses ouailles à la violence et au meurtre. Inadmissible. C'est la preuve que Abou Hafs et ses amis sont sous haute surveillance. Mais n'empêche que ces courants admiratifs du régime taliban sont des ennemis déclarés de la démocratie, de la tolérance et de la différence et visent par leurs actes ignobles à semer la zizanie dans la société. “ Aziz était un citoyen ordinaire, un musulman ouvert, attaché aux valeurs de libertés individuelles et de tolérance. Son assassinat gratuit et abject soulève les cœurs et interpelle les consciences“, ont écrit dans un communiqué le collectif des amis et proches de la victime.