Ce qui arrive à Abdelali Berrada Sounni, un homme d'affaires avisé et un industriel marocain au parcours professionnel indiscutablement réussi, est proprement stupéfiant. Lui-même un manager qui a l'habitude des situations complexes et des décisions difficiles ne trouve pas ses mots pour expliquer sa mésaventure tellement il est abasourdi par ce qui lui arrive. Ce qui arrive à Abdelali Berrada Sounni, un homme d'affaires avisé et un industriel marocain au parcours professionnel indiscutablement réussi, est proprement stupéfiant. Lui-même un manager qui a l'habitude des situations complexes et des décisions difficiles ne trouve pas ses mots pour expliquer sa mésaventure tellement il est abasourdi par ce qui lui arrive. L'homme qui a créé le Palmeraie Golf Palace, Layalits ou encore Dolidol, n'en revient tout simplement pas. Un jour son chemin a croisé un Prince saoudien, dit-on, Waleed Bin Abdul Mohsin Bin Abdul Aziz Al Saud, flanqué de son conseiller privé, un tunisien dénommé Mohamed Ayachi Ajroudi. Après de multiples rencontres, certainement facilitées par des intermédiaires locaux, ils décident de faire des affaires ensemble au Maroc et en Arabie Saoudite. Ils consignent cette volonté dans un accord de partenariat, sans obligation aucune pour les deux parties, le 10 juillet 1999, après disent-ils qu' «un climat de confiance et de sympathie réciproque s'est développé entre eux». Mais les choses se gâtent rapidement quand Abdelali Berrada Sounni, après avoir dépensé beaucoup d'argent dans des frais d'approche à son encontre (!) et préssentant une escroquerie en bonne et due forme, il refuse de se plier aux exigences personnelles, incongrues et illégitimes du conseiller privé du prince. Les ennuis ont alors commencé. Procès après procès Abdelali Berrada Sounni se trouve condamné, en appel, pour des affaires qu'il n'a pas conclues, qui n'avaient même pas démarré et surtout parce que le conseiller privé a décidé de lui mener la vie dure s'estimant lésé car il n'avait pas bénéficié des largesses espérées. C'est une drôle d'histoire, et elle serait comique si elle n'était pas entourée d'un imbroglio judiciaire que seul notre justice peut, parfois, produire. Dans ce qui est manifestement une tentative d'escroquerie contre un industriel et un homme d'affaire marocain connu, avec un dossier limpide, la justice a donné raison en appel à un intermédiaire qui n'a pas de qualité à agir et qui n'a subi aucun préjudice et tout cela pour le compte d'un Prince qui n'a jamais esté personnellement en justice. C'est Ubu dans toute sa splendeur. Il est vrai que la justice commerciale marocaine moderne est à tous ses débuts. Il est vrai qu'entre la première et la deuxième instance dans ce type de contentieux, la forme peut parfois prévaloir sur le fond. Mais il reste dans tous les cas que la «volonté» de justice est le fondement de toutes les juridictions marocaines quelle que soit leur nature. Mais dans ce cas précis il est quand même étonnant que face à un délit imaginaire, un préjudice non fondé et une demande de réparation fantaisiste, le jugement rendu soit aux antipodes du bon sens. Il est vrai qu'à la faveur de son ouverture économique et de ses choix libéraux notre pays attire ces dernières années beaucoup d'investisseurs et d'hommes d'affaires internationaux qui n'ont d'investisseurs que le nom. Des règles prudentielles élémentaires et une justice commerciale aguerrie doivent pouvoir aider nos opérateurs économiques à distinguer la bonne graine de l'ivraie. Sinon c'est la porte ouverte à toutes les impostures. Entre les faux princes, les vrais intermédiaires véreux, les vrai-faux emplois fictifs, les investissements imaginaires et les plus values aussi mirobolantes qu'indues notre économie ne prendra jamais la chemin de cette confiance dont elle a tant besoin.