Washington a reconnu mercredi avoir été isolé sur sa position anti-Arafat au sein du quartette sur le P.O. et avoir minimisé les autres divergences avec les membres du quartette (UE, Russie et ONU). Sur le terrain, c'est le retour aux attentats-suicides. Richard Boucher, le porte-parole du département d'Etat a déclaré : «nous ne sommes clairement pas d'accord sur ce qu'il faut attendre du président Arafat et sur la façon de négocier avec lui, s'il faut ou non le faire». Il répondait à une question sur les écueils qui ont surgi lors de la réunion du quartette mardi à New York. Et de préciser que les membres du quartette (Etats-Unis, ONU, Union européenne, Russie) ont décidé de dépasser leurs divergences au sujet d'Arafat pour soutenir les vastes réformes palestiniennes. Kofi Annan, le secrétaire général des Nations Unies, Igor Ivanov, le ministre des Affaires étrangères russe, et son homologue danois Per Stig Moeller, représentant de l'Union européenne, ont indiqué mardi qu'ils continueraient à dialoguer avec Yasser Arafat, contrairement à la volonté de Washington de l'évincer du pouvoir. Le président américain George Bush avait fait état mercredi de progrès dans les efforts de relance du processus de paix israélo-palestinien, tout en critiquant sévèrement Yasser Arafat qu'il a critiqué nommément. «En ce qui me concerne, je l'ai dit clairement (...) M. Arafat a échoué. Je le pense toujours, et je sais que le peuple palestinien serait mieux servi par une nouvelle direction», a ajouté le président américain. Selon lui, la question des progrès dans la relance des pourparlers entre Israël et les Palestiniens est «plus importante que le sort d'une seule personne», en l'occurrence Yasser Arafat. M. Bush a évoqué la nécessité «cruciale» de réformer l'Autorité palestinienne «afin que puisse se concrétiser la vision de deux Etats vivant côte à côte pacifiquement». Il a également souhaité la mise en place d'une constitution et la réforme des institutions financières palestiniennes. Lors d'une conférence de presse après leurs travaux, les membres du quartette avaient étalé les divergences existant entre Washington et ses partenaires sur deux questions clés, l'avenir du président Yasser Arafat et le rythme des concessions israéliennes. Les représentants des Etats-Unis, de la Russie, de l'ONU et de l'Union européenne s'étaient en revanche exprimés d'une seule voix, à l'issue de leur rencontre, pour promouvoir la création d'un Etat palestinien d'ici trois ans. La Maison Blanche a également fait état de la création par le quartette «d'un groupe de travail ad hoc international qui sera chargé d'aider les Palestiniens à élaborer la réforme de leurs institutions politiques, des règles électorales des principes de la société civile et du financement de services qui amélioreront réellement la vie du peuple palestinien». Sur le terrain, Israël était en état d'alerte jeudi, deux attentats anti-israéliens en 24 heures ayant contraint ses responsables à reconnaître qu'ils ne pouvaient éviter à 100% des infiltrations de kamikazes, un mois après la réoccupation par l'armée de la Cisjordanie. A quinze secondes d'intervalle, deux Palestiniens ont fait exploser les charges qu'ils portaient sur eux au cœur de l'ancienne gare routière de Tel-Aviv. Le double attentat a fait trois tués, outre ses deux auteurs, et une quarantaine de blessés. Survenant 24 heures après l'attaque contre un bus israélien en Cisjordanie qui a fait huit tués, le double attentat, «a mis fin à l'illusion d'accalmie apportée par l'opération voie ferme en Cisjordanie » écrivait le Haaretz (indépendant). «Le gouvernement se retrouve à nouveau impuissant face au terrorisme palestinien après avoir tout essayé pour le juguler, du bombardement aérien jusqu'à la mise sous couvre-feu durant des jours d'une population de quelque 800.000 personnes», poursuivait le journal. Après cette attentat, les projets d'allégement de la répression militaire en Cisjordanie ont été suspendus, a annoncé le ministère de la Défense. L'attaque de Tel-Aviv est le premier attentat-suicide depuis le lancement, le 19 juin, de l'offensive militaire israélienne «Voie ferme» en Cisjordanie, qui s'est traduite par la réoccupation de sept des huit grandes villes de ce territoire, en représailles à deux attentats-suicides à Al-Qods qui avaient tué 26 Israéliens.