Les appels américains au départ du président Yasser Arafat ont été rejetés par les trois autres parties du quartette (Union Européenne, Russie et ONU), qui ont affirmé lors d'une conférence de presse qu'elles continueraient à reconnaître M. Arafat comme le dirigeant légitime des Palestiniens et à traiter avec lui en cette qualité. Les Etats-Unis se sont trouvés isolés face au reste des membres du quartette sur le Proche-Orient, à propos de deux questions clés, l'avenir du président palestinien Yasser Arafat et le rythme des concessions israéliennes. Les divergences étaient très sensibles lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion et au cours de celle tenue à l'issue de discussions réunissant le quartette et les ministres jordanien et égyptien des Affaires étrangères, à la résidence new-yorkaise d'Annan. «L'ONU reconnaît toujours le président Arafat et nous continuerons à traiter avec lui jusqu'à ce que les Palestiniens en décident autrement», a déclaré le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, résumant la position des trois partenaires des Américains. «C'est aux Palestiniens seulement de décider qui ils veulent avoir pour dirigeant. Cela relève du droit souverain du peuple palestinien», a renchéri Ivanov, le chef de la diplomatie russe. Evoquant les prochaines élections palestiniennes, le ministre danois des Affaires étrangères, Per Stig Moeller, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, a déclaré que «quelle que soit la personne qui deviendra dirigeant après les élections, c'est avec cette personne que l'Union européenne parlera». Réunis à New York, les membres du quartette se sont en revanche exprimés d'une seule voix, à l'issue de leur rencontre, pour promouvoir la création d'un Etat palestinien d'ici trois ans. Rejoints par ceux de l'Egypte et de la Jordanie, ils ont exprimé publiquement leurs désaccords avec le secrétaire américain Colin Powell. Celui-ci, qui se disait lundi ouvert à l'idée d'une «promotion» de M. Arafat à un poste de direction symbolique, a concédé qu'il était du droit du peuple palestinien d'élire ses dirigeants. Pour sa part, le président Arafat a affirmé mercredi qu'il se présenterait à l'élection présidentielle prévue entre le 10 et le 20 janvier prochain. «Je dois consulter le Comité exécutif et le conseil central (de l'Organisation de libération de la Palestine), puis après, je me présenterai aux élections. C'est impératif», a-t-il souligné. De son côté, le numéro deux de l'OLP, Mahmoud Abbas (Abou Mazen), présenté comme l'un des candidats potentiels à la succession de M. Arafat, a affirmé qu'il ne se porterait pas candidat face au président de l'Autorité palestinienne. Powell avait réuni autour de lui à New York le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, et le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, pour tenter d'arrêter un plan susceptible de déboucher d'ici trois ans à la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël. Colin Powell a estimé que toute initiative de paix devait avoir comme priorité la sécurité d'Israël, avant même la recherche de progrès sur les questions politiques et économiques. Annan juge au contraire qu'il faut entreprendre une démarche globale. Les Etats-Unis ont présenté un plan de réorganisation des forces de sécurité palestiniennes, mais ont mis un bémol aux prédictions de Solana selon lequel la CIA enverrait une mission au Proche-Orient d'ici deux semaines. Le quartette est convenu de la réunion, fin août ou début septembre, d'une cellule de travail chargée de discuter d'une assistance économique aux Palestiniens. Les dirigeants du quartette se réuniront ensuite en septembre, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Un clivage est aussi apparu concernant les priorités à mettre en œuvre pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Les ministres jordanien et égyptien, Ahmed Maher, ainsi que leur homologue saoudien, le Prince Saoud Al-Fayçal, rencontreront le président Bush jeudi à la Maison-Blanche.