Le ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, Abderrahim El Harouchi, veut lutter contre le phénomène de la mendicité des enfants qui sévit notamment à Casablanca. Abderrahim El Harouchi a annoncé, mardi soir à Casablanca, la mise en place d'un plan d'action national de lutte contre la mendicité des enfants. Ce plan, qui sera mis en application en collaboration avec d'autres partenaires, a ciblé une frange particulière de mendiants : les enfants de moins de sept ans utilisés par les adultes et les enfants mendiants dont l'âge varie entre huit et douze ans. Cette annonce a été faite à l'occasion de la signature d'une convention de partenariat entre le ministère et la commune urbaine de Casablanca qui porte sur la gestion du centre social «Dar El khayr» pour enfants et personnes âgées à Tit Mellil. A première vue, l'initiative est louable, d'autant plus que le ministre a évoqué les situations désastreuses des enfants mendiants un peu partout dans le Royaume et particulièrement à Casablanca. Citant des chiffres, résultat d'une enquête relative à ce sujet, le ministre a déduit que la pauvreté est la cause directe de ce fléau social auquel il faut mettre un terme surtout qu'une grande partie de ces enfants sont «loués» par des tiers afin d'être exploités dans la mendicité et plusieurs d'entre eux sont même «drogués» pour les inciter à pratiquer la mendicité. Au mois de juillet dernier, M.Harouchi avait parlé, lors d'un point de presse qu'il avait animé à Rabat, de la mise en œuvre d'une politique sociale intégrée qui va de pair avec le processus de développement économique enclenché par le Maroc depuis quelques années déjà. «Notre vision est la suivante, le développement social et économique doivent aller de pair», avait déclaré M.Harouchi. Autrement dit, c'est une nouvelle démarche, une nouvelle politique sociale qui sera adoptée par le département du Développement social, de la Famille et de la Solidarité et mise en place par le gouvernement. Le ministre avait alors estimé que les politiques antérieures ont été marquées par la dispersion institutionnelle, la multiplicité des intervenants, le manque de cohérence et de synergie. Le moment est donc arrivé pour appliquer la nouvelle «politique sociale», en s'attaquant d'abord au phénomène de la mendicité des enfants. D'où ce plan d'action national qui sera lancé à partir de Casablanca, avant d'être généralisé au niveau national. Il concernera, dans une première phase, les enfants de sexe masculin, suivie, dans un proche avenir ,d'une étape similaire pour les filles. L'on est encore loin du renforcement des infrastructures et de la réhabilitation sociale des quartiers périurbains à travers des actions de proximité. En plus, le «créneau» ciblé n'est pas une nouveauté. La Ligue marocaine de la protection de l'Enfance a déjà réalisé une pré-enquête sur la mendicité des enfants de moins de 12 ans dans la wilaya de Rabat-Salé-Skhirat-Témara, en collaboration avec l'Entraide nationale dans le cadre d'une convention de partenariat signée le 10 févier 2003 et l'appui technique du ministère de la Santé. Une pré-enquête, qui s'inscrit dans le cadre des préparatifs à l'enquête proprement dite sur la mendicité des enfants de la wilaya, a débuté sur le terrain, le 23 janvier 2004, avec la participation de 12 enquêtrices qualifiées, après exploitation des résultats du pré-test des questionnaires. Mais il n'y a pas que les enfants qui mendient. Les mendiants ne se comptent pas. Les statistiques les ignorent. Il est certain que la situation devient de plus en plus difficile. On assiste à un concours de circonstances qui fragilise davantage les couches défavorisées. Aucun chiffre n'est disponible pour oser un ordre de grandeur, pour permettre une comparaison, ou simplement étayer une quelconque opinion. Les mendiants viennent de partout et se répandent dans toute la ville, comme si chacun respectait un pacte tacite : de ne jamais empiéter sur le territoire de l'autre. Ce n'est certainement pas en s'octroyant la gestion d'un centre social déjà surpeuplé que l'on mettra fin à un phénomène aussi vaste que la mendicité.