Abderrahim El Harouchi, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, déplore le manque de données et de statistiques fiables concernant la mendicité au Maroc. Il revient également ici sur les grandes lignes d'un programme national de lutte contre ce phénomène. ALM : Quel commentaire faites-vous du chiffre de 500.000 mendiants existant au Maroc ? Abderrahim El Harouchi : Le chiffre de 500. 000 ne s'appuie sur aucune étude ni recherche sérieuse. D'ailleurs, ce qui caractérise ce domaine, c'est le manque de données et de statistiques fiables. Le chiffre a été avancé par un statisticien en précisant qu'il ne reposait sur aucune étude. Le plan d'action du ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité prévoit la réalisation d'études et d'enquêtes spécifiques qui vont permettre d'évaluer l'ampleur du phénomène et comprendre les causes réelles de sa prolifération. Quelles sont, selon vous, les raisons de la prolifération de ce phénomène ? Parmi les raisons essentielles de la prolifération de ce phénomène, on peut citer : la non-application de la loi contre l'exploitation de la mendicité, essentiellement des enfants et des nourrissons, l'insuffisance de mesures de prévention, notamment en matière de sensibilisation et de communication, l'absence jusqu'ici d'une stratégie intégrée de lutte contre la mendicité à travers une approche globale basée sur la prévention, la réinsertion sociale des personnes s'adonnant à la mendicité de nécessité et la répression de l'exploitation, ainsi que l'absence de structures d'accueil investies d'une mission et de tâches bien définies pour offrir aux publics accueillis un dispositif de prise en charge différencié et individualisé allant de l'accueil à la réinsertion sociale. Quels sont les efforts fournis par le gouvernement pour diminuer le nombre des mendiants ? Le ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité a mis en place un programme de lutte contre la mendicité basé sur cinq objectifs. Le premier est d'œuvrer pour l'intégration socioprofessionnelle des personnes s'adonnant à la mendicité de survie. Le second objectif est de mettre en place un dispositif de veille pour lutter contre la mendicité professionnelle. Le troisième est de renforcer les mesures d'application des lois en vigueur, le quatrième est de développer la recherche-action sur le phénomène, alors que le cinquième objectif se résume en la sensibilisation et l'éducation des citoyens. Cette tranche de la population bénéficierait-elle de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté ? La stratégie nationale de lutte contre la pauvreté accorde un intérêt particulier à l'inclusion sociale des populations en situation difficile de tous âges (enfants, femmes, personnes âgées, personnes handicapées, etc). Des programmes spécifiques sont destinés à ces publics cibles dans un cadre partenarial et participatif conjuguant efforts du gouvernement à ceux du privé et du tissu associatif. Beaucoup de mendiants sont des femmes et des enfants. Quelles mesures ont été prises pour les protéger ? En effet, beaucoup de mendiants sont des femmes et des enfants, ce qui confirme la thèse de l'exploitation de la mendicité par des personnes qui devraient être réprimées en vertu des lois en vigueur. Les femmes et les enfants et particulièrement les nourrissons devraient être protégés contre l'exploitation. C'est pour cela que le ministère du Développement social, en concertation avec les départements concernés, œuvre dans le sens du renforcement de la répression contre les sujets qui exploitent la mendicité sous toutes ses formes. Une note circulaire conjointe est à l'étude pour le renforcement de l'application de la loi et l'amélioration du dispositif de prise en charge des personnes victimes.