L'appel d'offres pour la mise en location des 56.000 hectares des terres agricoles de la Sodea et de la Sogeta a été fixé au 15 octobre prochain. Les investisseurs étrangers seront soumis à un régime de quota. Mardi dernier, le Premier ministre Drissi Jettou a présidé une réunion qui apparemment est passée inaperçue. En fait, son importance est capitale. 56.500 hectares de terres agricoles appartenant à la Sodea et à la Sogeta seront mis en location à des investisseurs privés marocains et étrangers. La date du 15 octobre a finalement été choisie pour le lancement des appels d'offres. En fait, il s'agira d'un appel d'offres groupé pour l'ensemble des lots, au nombre de 205 au total. C'est une opération d'envergure. Et pour cause, le ministère de l'Agriculture espère ainsi drainer pas moins de 2 milliards de DH d'investissement mobilisés par les opérateurs privés nationaux et étrangers. Ce projet de partenariat prévoit également la création de nouveaux emplois et la sauvegarde de ceux déjà existants dans le monde rural, soit un total de 20.000 emplois permanents. Ces 56.500 hectares couvrent 10 régions économiques du pays et concernent 23 provinces et préfectures. Sur les 205 projets d'investissement, le ministère a prévu 28 unités industrielles essentiellement pour la transformation des agrumes et du raisin. Le cahier des charges demeure le document le plus important dans la mise en œuvre de cette opération. Les professionnels marocains du secteur agricole et agro-industriel s'étaient déjà réunis avec le ministre de l'Agriculture, Mohand Laenser, en juillet dernier. Le but était d'écouter leurs remarques avant la finalisation du cahier des charges. L'ensemble de ces points ont été débattus lors de la réunion du 7 septembre avec le Premier ministre. En effet, les professionnels marocains ont insisté sur plusieurs points. C'est le cas de la fixation du montant du loyer. La majorité des professionnels ont exprimé le souhait de voir l'administration elle-même fixer ce montant du loyer pour chaque projet, et ce, en fonction des prix pratiqués au sein des régions concernées. Les professionnels veulent ainsi garantir une certaine égalité des chances, mais ils en profitent pour éviter la flambée des prix. Aussi, les professionnels ont eu droit à un autre cadeau: un rabattement de 10% au moins sur les prix du marché, en guise d'encouragement à l'investissement. Aussi, les professionnels ne voulaient pas que le cahier des charges les oblige à développer une filière précise. Ils ont eu gain de cause. C'est dommage car le ministère de l'Agriculture voulait profiter de cette vaste opération pour assurer un certain équilibre entre les différentes filières agricoles et dans toutes les régions du Royaume. Mais de toute façon, rien n'est perdu d'avance puisque l'étude des soumissions prendra en compte la viabilité du projet et éventuellement son harmonie avec les cultures avoisinantes. Les professionnels marocains ont également réussi à limiter le champ d'intervention de leurs concurrents étrangers. Certains voulaient carrément les écarter de l'opération, d'autres, se seraient contentés de leur fixer un quota. Et ils ont réussi à en convaincre le gouvernement. Des commissions techniques vont se réunir tout au long de cette semaine pour déterminer un plafond, une superficie maximale, à ne pas dépasser par les investisseurs étrangers. En tout cas, le but de cette opération, a insisté le Premier ministre, n'est pas de permettre à l'Etat d'encaisser le montant du loyer. Au contraire, il s'agira de mettre en place un véritable partenariat public-privé et créer une dynamique économique régionale durable.