Finalement c'est un indicateur qui l'a repérée, l'ayant croisée, par un pur hasard, à Essaouira. «Je ne connais personne de ces plaignantes», s'est-elle disculpée quand elle s'est retrouvée face à face avec ses victimes, et elle ne sait pour quelles raisons elles veulent l'envoyer en prison. «Je ne les ai jamais rencontrés… Je n'ai rien reçu d'elles… Je ne sais pas pourquoi elles m'accusent d'escroc», s'est-elle demandé devant le juge présidant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Au contraire, ses victimes, qui sont toutes des jeunes femmes, ont affirmé au juge qu'elles ont été arnaquées par cette femme, âgée de quarante-deux ans, célibataire. L'une d'elles a précisé au juge qu'elle lui a versé une somme de trente mille dirhams pour l'aider à émigrer en Europe. Une autre a affirmé qu'elle lui a remis un acompte de 20 mille dirhams contre un contrat de travail en Arabie Saoudite. Une troisième lui a donné une somme de 25 mille dirhams pour la recruter dans les rangs de la police. Chaque victime a une histoire avec cette femme qui a empoché une somme globale de plus de 500 mille dirhams contre des promesses non tenues. Mais pourquoi a-t-elle disparu de Casablanca pour regagner Essaouira et y passer huit mois? Lui a demandé le juge qui a reçu une réponse surprenante : «J'ai rejoint mon fiancé avec lequel je vais me marier dans deux mois». Certes, elle avait fait la même déclaration à la police lors de son arrestation. Mais, les enquêteurs ont appris qu'elle occupait seule, un domicile qu'elle louait depuis huit mois. Ses parents demeurant au quartier Sidi Othmane, à Casablanca, ont affirmé aux enquêteurs que sa fille leur a expliqué qu'elle irait à Tanger pour travailler et non à Essaouira. Pourquoi mentait-elle ? A cette question du magistrat elle a observé le silence total. Jugée coupable pour escroquerie, elle a été condamnée à deux ans de prison ferme assortie d'une amende et des dommages et intérêts de plus de 600 mille dirhams.