Mouhssine arnaquait les rêveurs de l'eldorado tout en leur promettant monts et merveilles aux Emirats Arabes Unis. Accusé d'escroquerie, Mouhssine se tenait au box des accusés à la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Kénitra. Ce père de deux enfants, âgé de quarante-quatre ans, a nié avoir arnaqué quiconque. «Je n'ai arnaqué personne, M. le juge… J'étais un policier. Et je connais la sanction qu'encourt un escroc. J'ai deux enfants et je ne peux pas commettre des bêtises qui me mèneront en prison», a affirmé Mouhssine au juge qui le scrute derrière ses lunettes. Mouhssine était un brigadier de police. Seulement, il a été radié des rangs de la sûreté nationale suite à une faute professionnelle. «J'ai passé six ans aux Emirats Arabes Unis en tant que policier avant de revenir à la mère patrie en 2006. Depuis, j'ai travaillé à la Direction générale de la sûreté nationale à Rabat. Mais suite à une faute professionnelle, les responsables m'ont mis à la porte», a précisé Mouhssine au juge. Quand il a été licencié, Mouhssine est resté au chômage. Il a frappé à plusieurs portes pour avoir un emploi, mais personne ne l'a recruté. Ce sont ses frères, sœurs et amis qui l'aidaient en lui remettant quelques dirhams afin qu'il arrive à subvenir aux besoins de sa femme et de ses deux enfants. «J'ai essayé, M. le président, de chercher un emploi. Mais en vain. J'ai une femme et deux enfants à nourrir», a-t-il expliqué au magistrat. Parce qu'il a des enfants à nourrir, pourquoi Mouhssine a recouru à l'arnaque ? «Non, M. le juge, je n'ai arnaqué personne», a-t-il rétorqué. Seulement, il y a plusieurs plaintes et plusieurs témoins. D'ailleurs, c'était un jeune homme qui s'est rendu à la police de Sidi Yahia El Gharb pour déposer la première plainte contre Mouhssine. Ce jeune homme, célibataire, sans profession, rêvait d'avoir un emploi soit au Maroc soit ailleurs pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de ses parents. Entre-temps, il a rencontré un ami qui lui a proposé de contacter Mouhssine. Cet ami lui a affirmé que Mouhssine qui avait travaillé durant plusieurs années aux Emirats Arabes Unis arrivait à avoir des contrats de travail. «Je ne l'ai jamais vu, M. le président. Je ne sais pas pourquoi il invente cette histoire infondée», est intervenu Mouhssine quand la victime racontait son histoire devant le juge. Cependant, le juge lui a demandé de se taire. La victime a affirmé devant le tribunal qu'elle avait rencontré Mouhssine qui se faisait passer pour un inspecteur de police. «Il m'a demandé cinquante mille dirhams pour un contrat de travail aux Emirats Arabes Unis», a précisé la victime. Celle-ci lui a remis vingt-cinq mille dirhams en attendant de recevoir le contrat et lui remettre le reste de la somme. «Mais, j'ai remarqué qu'il me demandait le reste de la somme sans qu'il me montre le contrat de travail. C'est pourquoi je me suis rendu à la police pour déposer plainte», a précisé la victime. Il l'a appelé par téléphone et tous les deux ont fixé un rendez-vous. La police guettait la victime qui est arrivée au lieu de la rencontre. Quand Mouhssine est arrivé, les policiers étaient au rendez-vous. Ils l'ont mis hors d'état de nuire. Soumis aux interrogatoires, il a avoué aux enquêteurs avoir escroqué plusieurs victimes. Mais, il a tout nié devant le tribunal. Il a même nié avoir vu ses victimes. Après délibération, il a été condamné à dix huit mois de prison ferme assortie d'une amende de cinq cents dirhams.