Hicham El Guerrouj a finalement réalisé son rêve, à savoir celui de décrocher la médaille d'or olympique. Mardi soir sur le 1500m, il a remporté le duel qui l'a opposé au Kényan Bernard Lagat, chassant ainsi une malédiction qui l'a poursuivi lors des deux dernières éditions des Jeux Olympiques. 23h40 heure locale (20h40 GMT). Tous ceux qui se trouvaient dans le stade olympique d'Athènes avaient les yeux rivés sur la piste, sur laquelle la finale du 1500m allait commencer d'une minute à l'autre. Les écrans géants focalisaient sur deux athlètes, le Kényan Bernard Lagat, détenteur de la meilleure performance mondiale de l'année et Hicham El Guerrouj, quadruple champion du monde et recordman de la distance. Le titre olympique allait certainement se jouer entre eux. Après un faux départ, fait assez inhabituel sur le demi-fond, le duel maroco-kényan pouvait commencer. La tension s'est sentie dès les premiers mètres. Relégués aux dernières places, les deux champions se sont vite replacés en tête de la course qu'ils ont passée au coude à coude. Mais Hicham El Guerrouj, après 3 :34 :18 a su la tourner en sa faveur, Lagat s'étant contenté de la seconde place en réalisant un chrono de 3 :34 :30, alors que la médaille de bronze est revenue au Portugais Rui Silva (3 :34 :68). L'autre Marocain qui était en lice, Adil El Kaouch, en l'occurrence, est arrivé à la 9ème place. Ainsi, Hicham El Guerrouj est finalement champion olympique. Ce titre, qui lui a donné des cauchemars pendant près de huit ans, lui revient, haut la main, au terme d'une course qui a connu un grand suspense sur les 80 derniers mètres. «Lorsque j'ai vu le temps réalisé au bout de 800m, j'a compris que la course était trop lente. Il me fallait donc hausser le rythme. Lors du dernier tour de piste, j'étais aux devants de la course. J'ai commencé une première accélération, puis une seconde à 300m de l'arrivée. 100m plus tard, j'ai vu à l'écran que Lagat me dépassait et que le scénario de Sydney allait se répéter. Dieu m'a alors doté d'une force extraordinaire et j'ai pu me replacer à quelques mètres de la fin. Quand j'ai dépassé le premier la ligne d'arrivée, je n'ai pas cru mes yeux. J'étais finalement champion olympique, un titre dont j'ai rêvé depuis que j'avais deux ans », a expliqué le très heureux champion olympique lors de la conférence de presse d'après-course. Au cours de cette dernière, qui a commencé une cinquantaine de minutes après la fin de la course, El Guerrouj était le premier à parler et il avait les larmes aux yeux. «Il y a quatre années, dans une semblable conférence de presse, j'au pleuré, de tristesse et de déception. Aujourd'hui aussi, je pleure, mais de bonheur cette fois-ci et de fierté d'avoir réussi à conquérir un titre olympique qui m'a toujours fui...», l'audience était ainsi conquise. Les représentants des médias internationaux, ainsi que les journalistes marocains qui font la couverture des J.O. n'avaient d'yeux et d'oreilles que pour Hicham. Ce dernier en a profité pour raconter l'histoire d'un titre olympique qui s'est fait longtemps désirer. « Je suis à ma troisième participation aux Jeux Olympiques. Les deux premières, Atlanta et Sydney, étaient de grandes déceptions. Cette fois-ci, je ne voulais rien laisser au hasard. Je savais que c'était ma dernière chance de remporter l'or olympique. Et je me suis donné à 100 % pour atteindre cet objectif. Aujourd'hui, je suis l'homme le plus comblé sur terre. J'ai une belle femme, une adorable petite fille. C'est pour elles que je courais. Je voulais que ma fille, dans quelques années, soit fière de son papa ». Au summum de la joie, Hicham n'a pas oublié d'offrir son titre olympique au Maroc, « ce grand pays qui le mérite tant ». Ainsi s'est terminée cette conférence de presse. Mais auparavant, le quadruple champion du monde et recordman du 1500m a reçu les honneurs des 50.000 spectateurs qui ont assisté à sa finale. Une fois le titre en poche, il a tenu à embrasser sa fille Hiba, sa femme Najwa ainsi que son père qui se trouvaient dans les gradins. Une manière de leur offrir un titre après lequel il courait depuis 12 ans. Fadoua Ghannam Notre envoyée spéciale en Grèce