Bernard Lagat, concurrent déclaré d'El Guerrouj dans sa quête de l'or olympique, a fait preuve d'un fair-play exemplaire après la consécration du Marocain. Le Kényan a été, tout le temps, à ses côtés, partageant son bonheur, son émotion. Mardi soir au stade olympique d'Athènes, il y avait quelqu'un dont la joie était grande. Non, il ne s'agit pas de Hicham El Guerrouj qui a réussi finalement à conquérir le titre olympique. Le Marocain était bien sûr grisé de bonheur, mais il n'était pas le seul. Il y avait évidemment tous les Marocains, présents sur place qui étaient comme dans un état second. Mais il y avait surtout un Kényan, qui s'est longtemps préparé à cette course olympique, qui déteint la meilleure performance mondiale de l'année sur la distance et qui était à deux doigts de réaliser son rêve olympique, si ce n'était la détermination et la ferme volonté du Marocain. C'est de Bernard Lagat qu'il s'agit. Faisant preuve d'un esprit sportif hors du commun, le Kényan était le premier à féliciter El Guerrouj. L'accolade des deux hommes a fait le tour du monde. Le premier, un seigneur du demi-fond, puisqu'ayant connu tout sur le 1500m, a finalement reçu la bénédiction des dieux de l'Olympe, alors que le second, ayant brillé cette saison, voulait la conclure avec un titre olympique. Avec fair-play, le second s'est incliné devant le génie du premier. «Je suis très content pour Hicham. C'est un grand athlète qui mérite pleinement cette médaille d'or», a déclaré Lagat après la fin de la course. Questionné sur ce qu'il ressentait dans les derniers mètres de la course, il a répondu le plus simplement du monde: «je me suis mis à sa place. Un champion qui a tout connu et qui était sur le point de buter devant son rêve olympique. Si c'était le cas, ç'aurait été la grosse déception de sa vie. Une fois la ligne d'arrivée franchie, j'ai senti son émotion. Le voir les larmes aux yeux, fou de bonheur m'a beaucoup ému ». Les journalistes, surtout kényans, voulaient savoir pourquoi leur champion, qui était tout proche de la médaille d'or, a échoué à la glaner. Lagat est resté égal à lui-même. «J'ai couru à 100% de mes moyens. Hicham était à 101%. C'est ce qui a fait la différence. Il voulait cette médaille. Il la désirait plus que jamais sur terre et il a combattu jusqu'au dernier souffle pour atteindre son objectif ». Et d'ajouter : «Vers les derniers mètres de la course, j'ai cru qu'un autre Zurich allait se produire. (NDLR : le Kényan s'était classé premier sur le 1500m du meeting de Zurich le 6 août, battant El Guerrouj et réalisant la meilleure performance de l'année de la distance). Mais non. Je m'étais trompé ».