Secrétaire d'État à la Jeunesse, l'USFP Mohamed El Gahs, un homme passionné à l'âme militante chevillée au corps, nous explique la philosophie et la portée de son programme en faveur de la jeunesse marocaine. ALM :Quel est votre sentiment après la cérémonie d'Ifrane dédiée à l'enfance et à la jeunesse et qui a été présidée par S.M le Roi ? Mohamed El Gahs : J'éprouve une immense gratitude pour le geste de S.M le Roi Mohammed VI. C'est également une grande fierté pour moi et pour l'ensemble des cadres qui ont participé à la réussite du programme national “vacances pour tous 2004“. La visite royale représente en quelque sorte une récompense du travail accompli et des efforts déployés. En fait, à travers l'action du secrétariat d'État chargé de la jeunesse, nous ne faisons que traduire modestement sur le terrain les hautes orientations royales pour l'avènement d'une société moderne, développée et citoyenne. Dans ce cadre, le ministère a pour vocation de préparer l'ouverture de la jeunesse marocaine sur diverses activités liés à l'art, à la formation, au sport et à l'éducation. Plus de 150.000 enfants ont participé à l'opération “Vacances pour tous 2004“. Est-ce beaucoup ou peu ? L'année dernière, nous avons lancé le pari énorme d'envoyer en colonies de vacances près de 100.000 enfants. Pari que nous avons réussi. C'est à partir de cette première expérience que nous avons réitéré l'opération en 2004 en augmentant les effectifs de plus de 50.000 bénéficiaires. Il est vrai que le chiffre reste modeste par rapport aux besoins, mais il faut bien commencer. Nous avons le choix entre deux choses : ou bien attendre en prenant comme prétexte le manque de moyens et ne rien faire, ou bien «amorcer la pompe» avec les sources disponibles, en misant surtout sur la volonté et la vocation des femmes et des hommes qui sont de l'aventure. Nous avons opté pour la deuxième possibilité. Et Dieu merci, la réussite était au rendez-vous. L'idée est donc de passer d'année en année à la vitesse supérieure avec plus de candidats ? Absolument. L'idée aussi est de faire de “Vacances pour tous“ une réalité visible sur le terrain. Pour cela, nous avons, grâce à un budget exceptionnel et au concours des élus et des autorités locales, pu renouveler à près de 80% les divers équipements des colonies de vacances et créer cette année 9 nouveaux Centres de vacances. Ce n'est qu'un début. Mais nous sommes confiants. L'opération “Vacances pour tous“ a-t-il profité de l'apport des sponsors? Pour le moment, non. Mais le parrainage est le bienvenu, voire nécessaire. Comme chacun le sait, les attentes de la jeunesse marocaine sont considérables alors que les moyens ne sont pas suffisants. Il y a des espaces de jeunes à construire, d'autres à renouveler et à équiper. J'invite tous ceux qui sont épris des idéaux de citoyenneté et de liberté à accompagner notre élan, un élan formidable au profit du Maroc et des Marocains. Chaque centime donné ira aux jeunes et à leur épanouissement. En dehors de l'opération «Vacances pour tous», quelles sont les actions menées par le secrétariat d'État à la Jeunesse ? En plus des voyages au Maroc et à l'étranger, nous organisons en permanence des opérations à l'initiation à la vie à travers des programmes dédiés au cinéma, au théâtre, à la musique, à la danse, au sport et à la lecture. Nous disposons à travers le pays de quelque 10.000 espaces pour jeunes, toutes catégories confondues. L'objectif étant que nos jeunes puissent s'épanouir et réfléchir sainement en exerçant des activités diverses. Quand un enfant va en vacances, il prend conscience de son être, il apprend à vivre en communauté et à connaître ses devoirs envers elle en termes de responsabilité, de respect, de tolérance et d'intérêt général. En somme, “Vacances pour tous“ est tout sauf “ chacun pour soi“, cet égoïsme qui ravage les sociétés. Comment institutionnaliser cette ouverture sur la jeunesse en la pérennisant au-delà des changements de gouvernement ? Les jeunes me font régulièrement part de leurs craintes de voir disparaître un jour ces activités éducatives à la faveur d'un changement de ministre ou de gouvernement. À mon avis, la meilleure institutionnalisation des programmes en question se fait d'abord dans les esprits par l'exercice quotidien. C'est le moyen efficace de sauvegarder les acquis. En définitive, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, étant donné que S.M le Roi représente le gage de la pérennisation de l'épanouissement de la jeunesse. Il faut que chacun participe à cette œuvre ambitieuse pour offrir de meilleures alternatives pour tous les enfants de notre très cher pays.