Dimanche, les forces de Séoul et Pyongyang étaient en état d'alerte après la bataille navale meurtrière intervenue la veille. Les relations entre les deux Corée restent gelées sur fond de crise avec Washington. Au lendemain de l'affrontement naval entre les deux Corée, le climat restait encore tendu dimanche même si aucun incident militaire n'a été signalé. La Corée du Nord a en effet rejeté la proposition de dialogue faite par sa voisine du sud, laissant les relations entre les deux Corée en état de crise à quelques pas… de la Coupe du Monde de football. Pyongyang aurait même exigé l'abolition de la frontière maritime entre le Nord et le Sud, qu'elle ne reconnaît pas, comme condition préalable à une réunion. Le président sud-coréen Kim Dae-Jung a pour sa part voulu se montrer rassurant en se rendant au Japon afin d'assister à la finale… tout en laissant son armée en état d'alerte. Il faut dire que la bataille intervenue la veille est la plus grave du genre depuis trois ans, et qu'elle intervient dans un contexte médiatique pour le moins particulier. Samedi des bateaux de guerre des deux Corée se sont donc affrontés dans les riches zones de pêche disputées, autour de l'île de Yeonpueon, en Mer Jaune. Le président Kim a dit qu'il s'agissait d'«un acte de provocation militaire qui fait monter la tension dans la péninsule coréenne et que nous ne pouvons en aucun cas tolérer». Selon Séoul, ce sont deux patrouilleurs nord-coréens escortant des bateaux de pêche, qui ont provoqué l'affrontement en franchissant la frontière maritime et ignorant les avertissements sud-coréens. Un patrouilleur du nord aurait même ouvert le feu et les échanges de tirs se seraient poursuivis de manière sporadique pendant une vingtaine de minutes. Version réfutée par Pyongyang qui a, au contraire, accusé les bateaux sud-coréens d'avoir pénétré «profondément» dans sa zone et tiré «des centaines de balles et obus». Ses médias officiels ont aussi dénoncé dimanche la politique des Etats-Unis de mettre les relations entre les deux pays «au bord de la guerre». Séoul a par ailleurs annoncé dimanche qu'un bateau nord-coréen avait été touché et plus de ses 30 marins tués ou blessés. La capitale sud-coréenne a aussi répertorié quatre marins morts, un disparu, 19 blessés et un navire coulé dans ses rangs. Lors d'une conférence de presse, le chef d'état-major du sud, le général Lee Nam-Shin, a déclaré que ses forces « ont fait preuve de retenue pour éviter que l'affrontement ne dégénère en guerre ouverte qui aurait pu dévaster la péninsule». Un membre de son état-major, le général Ahn Ki-Seok, a ajouté dimanche que des centaines de munitions avaient été tirées sur un patrouilleur nord-coréen. Cet affrontement s'est déroulé dans la même zone qu'une bataille où un patrouilleur nord-coréen avait été coulé il y a trois ans. Depuis, les navires de Pyongyang auraient pénétré à neuf reprises en zone sud-coréenne. Dimanche, les forces les deux Corée sont restées placées en «état d'alerte renforcée» et les 37.000 soldats américains stationnés dans le Sud, le long de la ligne de démarcation, ont aussi reçu des consignes de vigilance. Le général Leon Laporte, commandant du contingent américain, a d'ailleurs appelé la Corée du Nord à répondre à une offre de discussions pour désamorcer les tensions. Des tensions latentes depuis la guerre qui avait opposé les deux pays en 1950-1953, et exacerbées par les propos du président Bush en janvier dernier. Celui-ci avait alors classé Pyongyang parmi les pays de «l'axe du mal» avant de se rendre un mois plus tard dans la capitale du sud.