La Corée du Nord a opté pour la ligne dure, le week-end, en se retirant du Traité de non-prolifération nucléaire et en évoquant la reprise de ses essais de missiles balistiques. Cette politique du pire paiera-t-elle ? Discuter, c'est de cette façon que Washington entend répondre aux défis que lui a lancé la Corée du Nord, même si l'administration Bush n'entend pas céder sur la question de la reprise du programme nucléaire de Pyongyang. Engagée dans une campagne politico-militaire contre l'Irak, la Maison blanche sait en effet qu'elle ne peut mener une offensive sur deux fronts, contre deux pays que son président a lui-même classé dans «l'axe du mal» aux côtés de l'Iran. Pour tenter de répondre à l'escalade provoquée par le régime communiste – et qui reste à ce jour d'ordre verbal -, le secrétaire d'Etat adjoint James Kelly a donc été dépêché dimanche à Séoul pour rencontrer le président sud-coréen Roh Moo-Hyun et son ministre des affaires étrangères Choi Sung-Hong. Les seuls responsables actuellement capables de « raisonner » leur voisin du nord, avec qui une normalisation des relations a été entreprise ces derniers mois, et avec qui une réunion est toujours prévue à la fin du mois de janvier. Reste que les appels au calme de Séoul n'ont jusque-là pas refreiné Pyongyang dans ses ambitions. Au contraire, après avoir annoncé en novembre la remise en service de sa centrale gelée en 1994, la Corée du Nord a annoncé vendredi son retrait du traité de non prolifération nucléaire (TNP) et évoqué le lendemain la reprise de ses essais de missiles balistiques. Une menace qui « pourrait isoler encore plus le régime de la communauté internationale», a averti la Maison blanche. Ces décisions doivent, en effet, être étudiées par le Conseil de sécurité de l'ONU et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), même si le régime du Nord a déjà prévenu que toute sanction équivaudrait à «une déclaration de guerre». Il a même renchéri dimanche en déclarant que les deux Corée devaient unir leurs forces pour combattre les Etats-Unis... S'achemine-t-on inéluctablement vers un conflit ouvert ? La plupart des observateurs restent persuadés que l'attitude de Pyongyang, si radicale soit-elle, a pour seul objectif d'arracher des compromis américains dans le but de négocier directement. Parallèlement à cette escalade verbale, plusieurs rencontres entre des diplomates nord-coréens et un ex-ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Bill Richardson, se sont d'ailleurs déroulées au cours de ces derniers jours. L'ambassadeur-adjoint nord-coréen à l'ONU, Han Song Ryol,aurait même assuré que « dans le cadre d'un dialogue avec les Etats-Unis, la Corée du Nord discuterait des inquiétudes de l'Amérique sur la vérification» de son programme nucléaire, selon M. Richardson. Largement critiquée, cette politique du pire adoptée par Pyongyang est par ailleurs loin de créer l'unanimité au sein de la communauté internationale. La Russie, par exemple, a appelé, par le biais de son ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov, les différentes parties impliquées dans cette crise «à la retenue». Responsables chinois, français, sud-coréen et américain ont été priés de trouver une manière pacifique de «stopper l'escalade de la tension». Moscou a aussi jugé «prématurée» l'étude de la question nord-coréenne au Conseil de sécurité de l'ONU, estimant qu'il fallait «poursuivre les contacts bilatéraux et multilatéraux». D'autres pays, comme le Japon, ont au contraire souhaité dimanche que «le monde fasse pression sur la Corée du Nord» qui joue «un jeu très dangereux».