Les professionnels du marché européen des fusions & acquisitions n'entrevoient pas de reprise soutenue de l'activité au second semestre 2002, selon la dernière étude réalisée par M&A International. Plus de 70 % des 68 professionnels interrogés par l'institut M&A International pensent qu'il faudra attendre 2003 pour voir le marché des fusions et acquisitions redémarrer, tandis que moins de 25 % d'entre eux tablent sur une reprise avant la fin de l'année. Parmi les premières raisons invoquées pour justifier ce pessimisme ambiant figure l'incertitude et le manque de visibilité qui conduisent les sociétés à retarder leurs grandes décisions stratégiques. Également mise en exergue, la difficulté des banquiers d'affaires à valoriser convenablement les sociétés. Le spread entre les prix offerts et les prix demandés est devenu plus large notamment en raison de la volatilité du marché boursier qui rend les valeurs incertaines. Les vendeurs et les acheteurs éprouvent en effet actuellement des difficultés à s'entendre sur les prix. L'étude de M&A International révèle que 90 % des banquiers nord-américains sondés pensent que les prix exigés par les vendeurs sont bien trop élevés. A contrario, la moitié des banquiers européens pensent que les vendeurs sont plutôt réalistes sur les prix qu'ils demandent, tandis que les acheteurs font preuve d'une frilosité excessive. Les débats sur les valorisations prennent plus de temps y compris lorsque les dossiers sont de bonne qualité. Dans un tel contexte, les banquiers sont donc contraints de trouver de nouveaux modes de financement, et réapprendre à faire du sur mesure. Par ailleurs, le marché français, tout comme ses homologues allemand et espagnol, a plutôt bien résisté à la chute du volume des M&A sur le Vieux Continent, de l'avis de nombreux professionnels. «On assiste certes à une baisse du montant des opérations, qui devrait être proche de celui du premier semestre 2001, mais pas du nombre de transactions», souligne ainsi un banquier. Il n'empêche, la bonne tenue de certains marchés risque d'être insuffisante pour compenser les difficultés que connaît aujourd'hui le marché britannique et qui se traduisent par des annonces successives et massives de banquiers d'affaires à la City. De l'autre côté, l'espoir semble tout de même prévaloir chez certains banquiers : «Si le volume des opérations de M&A reste à son niveau actuel, on peut alors considérer que les principales banques d'affaires ont effectué le plus gros de leurs ajustements en termes d'effectifs sur le sol européen», fait remarquer un analyste. Mieux : le marché français pourrait de son côté «bénéficier d'un léger correctif à la hausse sur les prochains mois si le nouveau gouvernement décide d'accélérer certains dossiers qui concernent les cessions de gré à gré et les privatisations», indique un banquier de la place. Enfin, les banquiers d'affaires encore échaudés par l'annulation, en 2001, de transactions comme Schneider Legrand ou Tetra Laval Sidel par la Commission européenne dans le cadre de sa politique anti-trust, voient plutôt d'un bon œil la première annulation par la justice européenne d'un veto de Bruxelles à la fusion entre les voyagistes Airtours et First Choice.