Les jeunes diplômés chômeurs menés en bateau dans l'opération des 30000 emplois virtuels s'inquiètent. Un groupe de Hay Mohammadi vit la nuit et dort le jour pour oublier son malheur. L'inquiétude gagne également leurs familles. Explications. Depuis l'annonce de la fameuse nouvelle des emplois dans les bateaux de croisière par la société émiratie «Al Najat», une vague d'espoir a ébranlé et les jeunes diplômés chômeurs et leurs familles dans les différentes contrées du pays. Après le passage de la visite médicale et l'acceptation du dossier par l'agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC), cet espoir grandit et le rêve commence. «Sortir de l'ornière du chômage et de l'oisiveté et aller enfin de compte travailler telles qu'elles que soient les conditions», dit-on. Le sujet est devenu d'actualité. Chacun va de son commentaire. Et la question anime les discussions dans les cercles de ces jeunes et de leurs familles. Cependant, ces derniers jours, le désespoir commence à prendre le pas sur l'espoir installé au départ. La vérité est comme le matin, il s'éclaire avec le temps, dit l'adage. Maintenant, certains se sont convaincus qu'il ne s'agit que d'une arnaque, au sens large du terme. Déçus, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Cette déception a conduit un groupe de trois jeunes à Diour Lamane au quartier Hay Mohammadi à Casablanca à un état d'ébriété qui interpelle à plus d'un titre. Mohamed, 33 ans, licencié en droit, rencontre chaque soir ses deux amis, Hamid, 30 ans, licencié en littérature arabe, et Ahmed, 26 ans, diplômé en tourisme. «Nous avons beaucoup rêvé au départ et maintenant la réalité est très dure. C'était notre dernière chance pour quitter ce monde. On s'est saigné à blanc pour avoir les 1500 dirhams, frais de la visite médicale, constitution du dossier et transport. Maintenant, on se console entre nous. Chacun ramène une bouteille de rouge chaque soir et l'on reste éveillé presque toute la nuit. Ce n'est pas la bonne manière pour oublier ce coup dur, mais nous n'avons pas d'autres moyens», déplore Mohamed. Les trois jeunes déçus, qui se rencontrent dans une habitation abandonnée dans le quartier en question, restent jusqu'à une heure tardive pour passer toute la journée loin des regards de leurs voisins. «Hier on nous félicitait pour notre recrutement dans cette opération de grande envergure et aujourd'hui, vraiment nous avons honte. Il vaut mieux ne pas sortir le jour pour éviter les questions méprisantes des uns et les regards pétris de pitié des autres», déclare Ahmed, en soulignant l'inquiétude de leurs parents de les voir vivre la nuit et de dormir le jour.